ET LES DIEUX T'EN PENSES QUOI ? TON ASCENDANCE DIVINE, TU TROUVES ÇA COOL OU NON ? Les dieux, franchement, ils peuvent bien aller se faire voir. Vraiment, ils lui foutent des graecus dans les pattes et ils pensent qu'il va se contenter de fermer les yeux et de dire amen à chacune de leurs actions, aussi insensées soient-elles ? Non, il n'a qu'un respect très modéré pour les dieux ; comment pourraient-ils en être autrement, après tout. Comment pourrait-il vénérer un groupe d'immortels affalés dans leurs sièges sur l'Olympe et jouant avec leurs vies comme on jouerait aux échecs. Néanmoins, bien que profondément impétueux, Abraham se garde bien de crier sur tous les toits qu'il n'a aucune admiration pour les dieux, pas plus qu'il n'a de tendresse particulière pour son père. Vulcain, dieu des forges et du feu. Le boiteux, le fils mal aimé, le mari trompé ; ce n'est pas vraiment glorieux et Wakefield ne tire pas la moindre fierté d'être le fils de pareil énergumène, et ça le tue de se rendre compte qu'il lui ressemble tant, à ce père raté. Paradoxalement, s'il ne les apprécie guère, il ne laisse personne les dénigrer en public et exècre par dessus tout ceux qui renient leurs origines ou, pire encore, désertent le camp pour goûter à une existence paisible. Après, il a quand même une dent contre Invidia mais bon, qu'il les aime ou non n'est pas la question. L'important, c'est qu'il a depuis longtemps déjà accepté sa nature de demi-dieu. ET LES MONSTRES, T'EN AS VU UN RAYON OU TU LES FUIS COMME LA PESTE ? Au départ, lorsqu'il était encore jeune et innocent, Abraham avait adopté la philosophie du plus ils sont loin, mieux je me porte mais avec le temps, il a su prendre de l'assurance au combat et peut affirmer, sans la moindre once d'hésitation, que se battre contre quelques créatures mythologiques peut s'avérer être un bon passe-temps. Lorsqu'il est nerveux ou furieux, c'est toujours agréable de pouvoir défouler tout son ressentiment sur un monstre malchanceux qui aurait eu la mauvaise idée de s'aventurer dans les parages. D'autant plus qu'il excelle au combat et n'éprouve de ce fait plus la moindre appréhension lorsqu'il faut se jeter dans l'arène. On peut dire qu'il a un tableau de chasse assez impressionnant, comptant même quelques créatures mythologiques assez redoutables parmi tous les monstres qui ont péri de sa lame. Comme l'aigle du Caucase, par exemple. Un beau combat, dirait-il avec un peu d'émotion et une pointe de satisfaction. Un déclic, devine-t-on car c'est après cette victoire que Wakefield a compris toute la grandeur de Rome et que la gloire de cette civilisation reposait essentiellement sur les hauts faits militaires. Et, en digne légionnaire, il n'hésite plus à prendre les armes avant de s'ennivrer de cette douce adrénaline qui s'empare de lui lorsqu'il combat un monstre. T'AS RÉAGI COMMENT EN ARRIVANT AU CAMP JUPITER APRÈS L'ENTRAÎNEMENT DE LUPA ? TU T'ENTENDS BIEN AVEC LE RESTE DE LA LÉGION ? Après six mois d'entrainement intensif avec Lupa, l'arrivée au camp fut plutôt comme une réelle bénédiction, une agréable délivrance. Abraham est arrivé à la Légion, des rêves pleins la tête et brillant dans ses yeux. Il a débarqué avec aussi peu de connaissances qu'a un gamin de dix ans qu'on lâche dans l'inconnu, sans soutient ni repère mais il s'est très rapidement familiarisé avec ce monde, cette partie de lui-même. Pour avoir trop bien connu la solitude, il s'est rapidement accroché au camp avec la force du désespoir qu'ont ceux qui ont peur qu'on leur arrache de nouveau leurs biens. Il s'est très rapidement investi dans la vie de la Légion, cherchant à plaire et à se plaire. Aujourd'hui, après dix ans de bons et loyaux services, Abraham se sent chez lui au camp. Il n'a jamais eu aucun soucis quant à s'habituer au mode de vie, son beau-père, l'homme qui l'a élevé, ayant été lui-même un militaire, il a grandi dans l'optique de rentrer dans les rangs lui aussi, sans avoir pris en compte la fameuse inconnu « sang-mêlé » dans l'équation de sa vie. Au camp, on le connait davantage pour être une forte tête et sa manie à gueuler pour tout et rien – surtout pour rien –, certains le redoutent pour son grade de centurion dont il abuse parfois plus qu'à son tour mais il compte très peu d'ennemis au sein de la Légion. Certes, les membres de sa légion ne lésignent pas quant aux critiques ou lamentations à propos du tyran que peut être Wakefield et Abraham n'apprécie que très moyennement certains légionnaires ou autres hauts gradés – comme Berkeley, l'actuel préteur dont il aimerait bien la place – mais, en général, il perçoit la Légion comme sa famille et prend son rôle de centurion tant et si bien au sérieux qu'il mettrait un point d'honneur à protéger n'importe lequel d'entre eux, sans distinction entre les gardes, les cohortes ou les parents divins. T'AS RÉAGI COMMENT EN APPRENANT L'EXISTENCE DES GRECS ? TU PENSES QUOI D'EUX ? Les grecs ? Des imbéciles qui passent leur temps à chialer ou à vouloir s'imposer au sien du Camp de Jupiter. Ils abusent de leur hospitalité, voilà tout. Déjà, l'idée qu'un attroupement de sang-mêlés débarque ne l'enchantait guère – il tient à son petit espace vital, voyez-vous – mais maintenant qu'il a vu les regards hostiles des uns, et ceux larmoyants des autres, il ne peut tout bonnement pas les sacquer. Et sérieusement, ils se permettent d'arguer que Rome n'est qu'une pâle copie de leur stupide civilisation ? Oh, certes, il existe quelques similitudes ; mais les romains n'ont fait qu'améliorer un système qui manquait cruellement d'audace et de puissance. Maintenant, ils vont devoir se faire entrer dans le crâne qu'ils ne sont pas chez eux, qu'ils n'ont nulle part où aller et que s'ils ne se contentent pas de faire table rase, on les virera à coups de pied au cul. Rome aux romains, les grecs n'auront qu'à coucher dehors si on l'avait écouté. À l'annonce de l'arrivée des graecus, Abraham était déjà assez réticent, mais maintenant il ressemble davantage à un gamin capricieux à qui on oblige d'aller embrasser sa grande tante collante et agaçante. Il n'a aucune estime pour eux, juste une profonde indifférence teintée d'animosité innée. S'ils veulent se faire bien voir, ils feraient mieux de s'armer de patience pour gagner le respect des romains, et leur précieuse leader, cette insupportable miss-je-sais-tout, la première. Dans le cas contraire, en tant que centurion, il se ferait un plaisir de leur souhaiter la bienvenue à la romaine, comme Lupa : que les forts s'avancent, que les faibles crèvent au seuil des portes. Pas sûr qu'il reste beaucoup de grecs après ça... À voir si ça s'avèrerait être une mauvaise chose.