Siam n'avait pas spécialement passé une bonne nuit. Elle s'était tournée, retournée et re-retournée dans son lit un bon millier de fois, avant d'enfin trouver un sommeil qui fut très agité. Elle avait encore rêvé du fameux jour où la colonie avait été détruite. Sauf que cette fois, c'était elle qu'Hermès regardait dans les yeux, et il lui disait : " Tu vas faillir à ta mission, fille d'Athéna ". Et elle s'était réveillée en sursaut, à six heures du matin. Elle n'avait eu aucune envie de se rendormir, et s'était levée du pied gauche. Elle avait enfilé les premiers habits qui lui étaient tombés sous la main, avait attaché ses cheveux blonds sans les peigner avant de quitter la tente représentative d'Athéna. Dehors, il faisait frais et une légère bruine tomber sur le camp Jupiter, sans bruit. Comme pour ne pas réveiller les demi-dieux encore endormis. Siam, elle, n'y tenait plus. Evidemment, à cette heure-ci, elle ne croisa personne. Comme elle ne savait pas trop où aller, elle décida de se diriger là où la menait ses pieds. Elle vit la colline aux temples de loin, mais préféra ne pas encore y mettre un pied. Siam avait appris qu'ici, sa mère était très peu respectée et que l'autel qui lui était consacré était assez... miteux. Elle n'était pas encore prête à voir ça, cela touchait déjà assez son orgueil comme ça. Tant qu'elle ne le voyait pas par elle-même, ce n'était pas réel.

Finalement, elle atterrit près de la ligne du pomerium, où le dieu Terminus, lui, était bien réveillé. Il l'invectiva de loin, et pour lui répondre, Siam le traita d'imbécile en grec ancien, avant de faire demi-tour d'un pas furibond. " Pas de grec dans l'enceinte du pomerium avant sept heures ! ". Quelle idée stupide. Finalement, comme elle ne trouva rien à faire, Siam revint vers le camp grec, où elle passa d'abord dans sa tente pour se changer (elle s'était rendue compte qu'un jogging tâché de boue et un tee-shirt froissé et puant ne convenaient pas tant que ça). Elle se changea, détacha ses cheveux pour les peigner (avec force, pour venir à bout de ses maudits nœuds). Et puis elle repartit. Elle alla à la cantine romaine, où il y avait encore assez peu de monde. Une fille d'Apollon était là, et lui fit signe : Siam s'approcha sans paraître très aimable. Les deux grecques prirent leur petit-déjeuner ensemble, la fille d'Apollon ne cessant de bavarder tandis que Siam écoutait d'un air distrait. Puis la blonde prit congé, et repartit vers le camp grec. Il était presque huit heures, et enfin, le camp Jupiter semblait bien réveillé et grouillait de ses pensionnaires romains et invités grecs. Bref, elle passa le reste de la matinée dans la tente d'Athéna, avec ses demi-frères et soeurs, à discuter de divers projets et autres idées sur la situation actuelle. Elle ne mangea pas à midi, et fila directement dans le semblant d'écuries que les grecs avaient reconstruit pour leurs pégases. Siam les passa en revue, flatta l'encolure de chacun. Un instant, elle se revit à la colonie. On s'y croirait presque. Là-dedans, il n'y avait personne : seulement les pégases, et si on ne regardait pas dehors, on aurait pu croire se trouver à la colonie. Il n'y avait personne pour démentir cette idée. Jusqu'à ce que quelqu'un fasse son entrée dans l'écurie. De toute évidence, il n'était pas grec. Par conséquent, c'était un romain. Siam devait être bien dissimulée par les pégases, parce que l'intrus ne la vit pas. C'est elle qui s'avança, les mains dans les poches de sa veste à capuche. Elle lui lança un regard méfiant, et dit : « Qu'est-ce que tu fais là, romain ? »

« Calme-toi, je ne faisais que passer », lui répondit l'intrus, sur un ton légèrement agacé. Légèrement agacé ? C'était le monde à l'envers, ou quoi ? Siam était certaine que si on la trouvait seule dans leur écurie de licornes, les romains accourraient lui jeter des pierres (métaphoriquement parlant, hein). Siam lui lança un regard maussade, puis suspicieux. Il s'était approché, mais pas trop, comme pour garder une distance de sécurité. « J'vais pas te détruire ton écurie t'sais », poursuivit le garçon sur un ton plus moqueur, qui déplut fortement à Siam (évidemment). Ha ha ha. Elle n'avait même pas pris le temps de détailler le romain, et le fit maintenant. Il était brun, les yeux marrons et assez trapu, en fait. En tout cas, il avait les épaules carrées. Siam l'avait déjà aperçu : elle l'aurait sans doute oublier si elle était "normale", mais il ne fallait pas oublier qu'elle possédait une mémoire sur-développée. Cela avait des bons côtés, comme des mauvais. Par exemple, Siam se souvenait à la perfection de la chute de la colonie, dans les moindres détails. La nuit, elle revivait inlassablement la scène. C'était vraiment énervant, pour elle. Parfois, elle aurait aimé avoir un QI de moule. La vie était surement très simple, quand on avait un QI de moule, non ?

En attendant, elle n'avait pas encore répondu au garçon, qui vaquait à ses occupations comme si de rien était. Il s'approcha d'un pégase qui renâcla aussitôt avant de s'éloigner en piaffant ; il retenta l'expérience avec une femelle, qui mit un peu plus de temps à le rejeter mais le fit quand même. Siam en profita pour sortir son plus beau sourire, tout en caressant la crinière du plus proche pégase. « On dirait que tu n'as pas la cote, avec les animaux », fit-elle remarquer sur un ton moqueur (vengeance, vengeance). « J'aimerais quand même savoir ce que tu fais là », enchaîna-t-elle sur un ton plus sérieux. S'agissait-il de simple curiosité, ou peut-être carrément d’espionnage ? Ça se faisait, elle en était sure. Les demi-dieux ne savaient pas encore ce que les dieux attendaient d'eux : qu'ils s'unissent ou s’entre-tuent ? On n'était jamais très sur, après tout. Peut-être même que les dieux étaient en ce moment même en train de débattre sur le sort de leurs chers enfants. Avec les divinités, on ne savait jamais vraiment à quoi s'attendre, alors il fallait parer à toutes les éventualités. Du coup, elle se montrait plutôt agressive avec les romains, à part peut-être avec leur prêteur Jane Harris, qu'elle considérait comme un alter-égo malgré sa double ascendance Aphrodite/Arès (enfin, leur version romaine). Bref. « Tu pourrais me donner ton nom, aussi », fit-elle. Cela sonnait plus comme un ordre que comme une demande, mais Siam avait toujours assumé ce ton catégorique qu'elle prenait à longueur de journée. Siam, on la prenait comme elle était ou on ne la prenait pas du tout.

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Siam restait assez sceptique quant aux intentions du jeune homme, mais il fallait bien avouer qu'il avait l'air plutôt détendu et avenant, pour un soi-disant espion. « Hé, t'inquiète, j'suis pas un espion », fit-il, comme pour répondre aux pensées de la blonde. Elle lui lança un regard sceptique, avant d'hausser les épaules. Son intuition féminine (hinhin) lui dictait de croire le garçon, au moins sur ce point là. Pour le reste, il fallait voir. Siam s'approcha un peu plus : il ne restait plus qu'un pégase entre eux. « Je suis juste venu vois ces animaux qui, comme tu dis, n'ont pas l'air de bien m'aimer », reprit le romain, tout en lançant un regard noir à la bête qui se trouvait entre eux deux. Là où d'autres auraient ri, Siam ne fit qu'esquisser un sourire. Il avait l'air assez énervé du fait que les pégases ne lui montrent aucune affection, l'évitent même. Elle lui demanda son prénom - oui lui ordonna de se présenter, selon le regard que vous portez. « Moi c'est Sacha, fils d'Apollon. Sous sa forme romaine, bien sûr », répondit-il. Siam hocha la tête. Apollon, le dieu solaire. Elle connaissait un grec qui l'avait rencontré, lors d'une quête. Il avait dit que le dieu était légèrement siphonné, du genre imbu de lui-même et parlant en rime. Siam avait un peu de mal à imaginer un dieu autrement que dans une toge, le visage fermé, une aura de puissance découlant tout autour de lui. Mais évidemment, les dieux avaient évolué en même temps que le monde. Ils étaient super modernes, maintenant, même si ça pouvait frôler le ridicule. Il y eut un léger silence, avant que le dénommé Sacha ne reprenne : « Je ne connais toujours pas ton prénom ». Siam se demanda si, au moins, le romain savait qu'elle était la représentante des grecs (avec Milo Flyte, mais ce crétin ne comptait pas vraiment). « Siam Lovenbruck, fille d'Athéna », répondit-elle sur un ton badin. Elle s'attendait à une réaction bizarre de la part de Sasha, étant donné que la réputation de sa mère était controversée chez les romains, qu'elle n'était pas censée avoir d'enfants, blablabla. En fait, elle n'avait carrément pas envie qu'il lui fasse de remarque sur sa parenté divine. Du coup, elle se fit plus douce et changea de sujet assez vite : « Le truc, avec les pégases, c'est de les laisser venir à toi, au lieu d'aller vers eux. Ce sont des créatures orgueilleuses, et aux premiers abords assez hautaines. Le pégase ne viendra vers toi que lorsqu'il l'aura décidé, et non le contraire. Le pire, c'est les mâles. Enfin, ce que je te dis, c'est de ma propre expérience. J'ai lu un truc une fois sur les pégases mais... ». Elle s'arrêta en plein milieu de sa phrase, et se ravisa. Ce n'était pas le moment de sortir sa science, après tout. On lui reprochait souvent de le faire, mais elle n'y pouvait rien. Elle avait lu tellement de livres... Et puis, surtout, elle se souvenait parfaitement de chacun d'entre eux, avec sa mémoire sur-développée. « Les pégases ne sont peut-être pas très différents des licornes », lâcha-t-elle en regardant ailleurs.

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Apparemment, Sasha était d'accord pour suivre Siam dans son changement de sujet : il ne dit rien quant à ses origines divines, et ils poursuivirent leur conversation, orientée maintenant vers les pégases. Siam n'était pas forcément la mieux placée pour donner des conseils sur ces bêtes, mais elle pouvait quand même se vanter de connaître quelques trucs sur eux. Du coup, elle conseille à Sasha de laisser venir les animaux vers lui, et non le contraire. « Ouais, ça marche ton truc ! », s'exclama le romain, visiblement ravi de voir qu'un pégase s'approchait enfin de lui. Siam sourit, pas peu fière du succès de ses conseils. Elle commençait presque à oublier d'être méfiante. Il y eut un brin de silence, avant que Sasha ne reprenne la parole : « Au fait, pourquoi vous avez installé plein de tentes en cercle autour d'un feu, à côté ? », demanda-t-il, visiblement curieux. Un éclair de méfiance passa dans les yeux de Siam, avant de s'évanouir bien vite. Non, ce n'était pas un espion, il témoignait juste de la curiosité pour quelque chose qui lui était inconnu. En même temps, Siam n'arrêtait pas d'avoir des images dans sa tête : elle voyait Sasha courir rapporter ce qu'il avait appris à Jane Harris, sa prêteur. Siam secoua la tête, avant d'esquisser un léger sourire. Finalement, elle était plutôt contente de pouvoir étaler sa "science", et elle était tellement fière de son camp... « Vous vous en servez souvent de ces bêtes ? », enchaîna Sasha avant même que Siam ne réponde à sa première question. Elle ne décelait plus aucune méfiance chez lui, et décida donc de se détendre un peu elle-même. Elle jeta un coup d'oeil au pégase devant elle avant de dire : « A la colonie, on pouvait monter sur leur dos, et voler. Certains demi-dieux sont partis en quête avec des pégases, ce sont des créatures très utiles pour voyager rapidement. Et puis, s'ils t'aiment bien, ils t'obéissent et sont très loyaux ». Elle marqua une pause, puis répondit à sa deuxième question, concernant le camp : « Notre campement ici reflète notre ancienne colonie. Chaque tente représente un olympien ; les enfants d'un même dieu vivent et dorment dans la tente qui représente le dieu. Moi, j'occupe le bungalow d'Athéna, par exemple. Le bungalow d'Hermès, c'était pour ses enfants mais aussi pour les demi-dieux qui n'avaient pas encore été reconnus, et aussi pour les enfants de dieux mineurs, qui n'avaient pas leur propre tente. Le feu au centre, c'est le feu d'Hestia, tout simplement. Vesta pour vous, je crois. Cela symbolise notre foyer. Même si, au fond, nous ne sommes pas chez nous ». Siam lança un regard circonspect à Sasha, attendant une réaction à sa dernière phrase. Bien sur que non, les grecs n'étaient pas chez eux ici, beaucoup de romains ne se gênaient pas pour leur faire savoir. De toutes façons, Siam et la plupart des grecs n'avaient pas envie de considérer le camp Jupiter comme leur nouveau foyer ; pas pour le moment, en tout cas. La blessure quant à la perte de la colonie était encore trop vive pour penser à une nouvelle maison. « Moi, j'aimerais bien savoir ce que signifie vos tatouages. Vous en avez tous ? Ils sont magiques ou vous avez des tatoueurs dans votre légion ? », demanda finalement Siam. Même si elle faisait tout pour montrer de l'hostilité envers les romains, il fallait bien avouer que son côté "fille d'Athéna" la poussait à vouloir tout savoir à propos des romains, qui la fascinaient tout autant qu'elle les détestait. Et encore, elle n'avait pas vu la Nouvelle-Rome de près.

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Siam lança un regard intéressé lorsque Sasha releva sa manche pour dévoiler son tatouage à l'encre noire. En même temps, il répondit à la question qu'elle venait de poser : « Les cinq barres correspondent à mes cinq années de service à la légion. Non, nous n'avons pas de tatoueur, notre tatouage apparaît lorsque nous sommes acceptés dans la légion ! ». Il avait l'air amusé par la question, ce que Siam ne comprenait pas du tout. En fait, en repensant à sa question, elle se sentait presque idiote d'avoir demandé s'il y avait un tatoueur. Quand on connaissait un minimum le monde mythologique moderne (ce qu'elle connaissait parfaitement, pour baigner dedans depuis sa plus tendre enfance), on savait qu'il y avait beaucoup de magie. Pas dans le genre Harry Potter et sa baguette de bois, mais de la magie quand même. Le genre qui vous donne des dons surnaturels, des monstres collés aux fesses dès que vous faisiez un pas dans le "monde réel", et le genre qui peut vous détruire votre foyer en moins de deux, et sans raison apparente. Siam se sentit amère un moment, avant que Sasha ne la détourne de ses pensées qui divaguaient. « Tu sais, Minerve n'a pas d'enfants chez les romains », fit-il. Siam lui lança un regard vide, avant de soupirer et de dire, comme lassée : « Je sais, j'ai appris ça ». Elle resta un moment silencieuse, mais Sasha enchaîna sur le sujet qui fâche : « Chez nous, Minerve est la déesse des artisans, et chez vous, les grecs ? ». « Chez nous, Athéna est une déesse très importante. Elle est la déesse de la sagesse, du combat stratégique. Elle est aussi la protectrice des artisans », répondit-elle, avant d'ajouter sur un ton presque révérencieux : « C'est la meilleure ». Elle le pensait réellement. Mais Siam n'avait toujours pas envie de s'étendre sur le sujet, alors elle repartit sur les tatouages romains. « Et la flèche, en bas de ton tatouage, j'imagine que c'est le signe d'Apollon. Ton père. Mais six ans à faire le larbin, quand même. Les romains, quand j'étais plus petite, je les imaginais comme dans les bds Astérix. Débiles, toujours en train de tenter de faire la formation de la tortue. Ça me parait stupide, maintenant, bien sur. Mais c'est réconfortant de vous penser comme ça, parfois ». Elle eut un sourire vague, avant que son regard ne s'assombrisse à nouveau et qu'elle dise : « Tu sais, ce n'est pas contre vous, mais je ne comprends pas pourquoi vous avez été épargnés ». Elle lança un regard étrange à Sasha, attendant sa réaction. Quelque part, elle était jalouse. Comme les choses auraient été différentes, si la colonie avait survécu et que les romains avaient débarqué. La seule raison qu'elle y voyait, c'était que le camp Jupiter était nettement plus grand ; mais tout de même, elle n'arrivait toujours pas à comprendre pourquoi la colonie avait été détruite. Et ça l'énervait.

« Je comprends », dit-il simplement. Et Siam lui en fut extrêmement reconnaissante d'avoir dit ça. Elle ne savait pas s'il pouvait vraiment comprendre ce qu'elle ressentait, mais elle avait l'impression qu'il essayait de son mieux. Pour la première fois, depuis qu'elle était arrivée au camp Jupiter, Siam se sentit bien auprès d'un romain. Ça ne signifiait peut-être rien, au fond, mais c'était beaucoup pour elle. Cela signifiait que les romains n'étaient pas si différents, du moins pas tous. Ce fut d'ailleurs surement parce qu'il avait dit ça, qu'il comprenait, que Siam décida qu'à partir de ce moment, elle apprécierait Sacha. Bien sur, il suffirait au garçon de faire un unique faux pas pour que Siam lui retire sa sympathie en un rien de temps. Elle allait être exigeante, parce qu'au fond elle était grecque et lui romain. Et que cela devait tout expliquer. Alors Siam hocha la tête, comme un signe de reconnaissance envers Sacha qui comprenait - ou essayait, du moins. Elle ne connaissait rien de lui, à part son nom, son ascendance divine et le fait qu'il avait l'air d'aimer les pégases - ou de vouloir se faire aimer d'eux. Aussi, elle savait qu'il servait la légion depuis six ans. Mais c'était tout, et elle ne pouvait pas deviner ce qu'il avait dans la tête - quoique cela aurait été surement très intéressant.

« J'ai toujours pensé que les grecs étaient des crétins sans honneur, mais maintenant, j'ai compris des choses. Vous êtes fidèles à votre maison, à votre fratrie. Pour moi, c'est la chose la plus importante au sein d'un groupe. », fit-il avec un sourire malin. Siam sourit, parce qu'elle comprenait bien qu'au fond, ils avaient les mêmes pensées, juste qu'elles étaient inversées. Ils avaient envie de prendre ces petites moqueries à la légère, et ça faisait du bien. Siam ne se sentait pas en conflit, à ce moment précis, et c'était tant mieux. N'empêche qu'ils disaient vrai, sur les grecs. Du moins, Siam le sentait comme ça aussi : ils formaient tous une famille, avec ses moments d'amour et de conflits. Cela dit, elle avait beaucoup de mal à se sentir en famille quand elle voyait un enfant d'Arès : mais au final, dans les vraies familles, on n'est pas aussi forcé de tous s'aimer. On peut même se détester. Sa famille la plus stricte, les enfants d'Athéna, était sa réelle fratrie. Elle comptait sur chacun d'eux, et chacun d'eux pouvait compter sur elle. Ils formaient une famille aimante et soudée, tous adorant plus ou moins leur sage mère. « C'est très important pour moi aussi, la loyauté », répondit-elle tandis que Sacha caressait les ailes d'un pégase. Il y eut un moment de silence, que seuls les hénissements des pégases contrariait. Puis Siam reprit la parole : « Je crois qu'on devrait laisser les pégases un peu tranquilles. Montre moi la Nouvelle-Rome ». Cela sonnait comme un ordre, presque, mais c'était la façon de Siam d'inviter Sacha à la suivre. Oui, elle avait vraiment envie qu'il lui montre la Nouvelle-Rome. La blonde ne l'avait vu que de loin, parce qu'à chaque fois qu'elle s'était approchée, Terminus l'avait profondément gonflé et découragé. Elle avait toujours fini par s'éloigner, rouge de colère, après avoir insulté le dieu en grec. Vraiment, elle détestait ce bout de statue injurieux et stupide. Elle se disait que si un romain l'accompagnait, ça passerait mieux.