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« Qui recherche la lune, ne voit pas les étoiles. »


Parce que c'était lui, parce que c'était elle.
Dans son histoire, tout commence par mes parents et à cause de ses parents. Ils sont au centre de sa vie, au centre de ce qu'il est et sera. La Nouvelle-Rome, les créatures mythologiques, les monstres les plus horribles... Tout cela a toujours fait partie de son quotidien, des histoires que sa mère lui racontaient le soir aux jeux qu'ils inventaient sur leur balcon avec les Playmobils. Mais commençons par le commencement. Sa mère était la fille d'un sang-mêlé, l'une de ces personnes naissant à moitié dieu à moitié mortel. Janus, le dieu des commencements et des fins, des portes, des clefs et autres trucs pas franchement classe était de ce fait son arrière-grand-père. Mais si ça n'avait été que ça il aurait sans doute pu poursuivre sa vie à New-York sans que rien ne vienne troubler son bonheur enfantin. Ainsi Juliette de Noblecourt était romaine, même si son sang était bien dilué dans celui des mortels. Elle avait grandit en France avant de venir faire ses études à New-York, ne nourrissant pas d'autres ambitions que celles de se trouver un mari bien fidèle et de fonder une petite famille bien comme il faut. Elle avait toujours pris cette ascendance divine comme de la rigolade jusqu'à ce jour. Ce jour où elle rencontra celui qui serait alors son père : Timor. A première vue il était effrayant, presque sadique, mais elle avait rapidement compris ce qu'il était. Et si elle n'avait jamais su son nom réel, le dieu la sommant de l'appeler Daniel – un prénom très classique – elle ne l'en avait pas moins aimé. Ainsi ils avaient passé un ou deux mois ensembles, chacun sachant parfaitement que tout cela ne durerait pas. Le dieu ne voyait en elle qu'une occupation temporaire lui permettant de se distraire, l'éternité devenant un peu longe et monotone à la longue, et Juliette comptait simplement en profiter au maximum avant que tout ne lui échappe et qu'elle ne se mette à douter de la véracité des faits.

Et il était parti.
Et elle était tombée enceinte.


Neuf mois plus tard la jeune Juliette de Noblecourt, alors âgée de vingt-cinq ans, venant à peine de terminer ses études et ne maîtrisant pas vraiment l'anglais avait accouché d'un bébé aux yeux clairs. Et ce 27 Septembre de l'année 1995 elle l'avait nommé Arthur Néo Clio Ange Daniel Xanthe, entassant du même fait des prénoms grecs, le pseudonyme du paternel et deux prénoms aux consonnances françaises rappelant ses origines maternelles. N'ayant pas de père « officiel » l'enfant avait également pris le patronyme de sa mère, soit de Noblecourt. Et le petit Arthur était rentré chez ce qui serait son chez lui pour deux ans : le minuscule studio d'artiste que sa mère avait déniché à grand peine à la périphérie de New-York. Bien qu'agité le bébé grandit comme n'importe quel mortel ce qui rassura petit à petit la jeune mère. Lorsqu'il fut en âge de comprendre des histoires elle lui conta tout ce qui avait trait à la mythologie grecque ou romaine, illustrant les aventures des héros avec les Legos ou les Playmobils, adoucissant certains faits, en exagérant d'autres. A cinq ans le petit Arthur connaissait la Guerre de Troie et s'amusait à la refaire inlassablement avec ses figurines. Mais pour lui tout cela n'était que des simples contes, des légendes appartenant à une civilisation aujourd'hui disparue. Et Juliette ne faisait rien pour le démentir, le laissant dans son ignorance. A vrai dire elle avait peur. Sa vie tournait exclusivement autour de son fils, autour de ses actions, et elle savait qu'en tant que sang-mêlé, il serait un jour confronté à des choses dont elle n'avait même pas idée.

A six ans le petit Noblecourt fit son entrée à l'école et commença l'apprentissage de la lecture, ce qui se révéla bien plus compliqué que prévu. Une dyslexie fut rapidement détectée. A ses huit ans Arthur fit la rencontre de son tout premier monstre : une harpie. A ce moment-là l'appartement des Noblecourt se situait à hauteur d'arbres, là où les branches sont les plus solides. Ainsi, chaque soir, le monstre venait tranquillement se poser sur l'une de ces branches, pile en face de la fenêtre du petit Arthur et le contemplait tandis qu'il lisait. Bien sur il l'avait vu. Et bien sur il avait peur. Malgré la protection de la vitre puis, quand sa mère venait les fermer, des volets, il sentait la présence de la femme-oiseau perchée dans l'arbre. Et chaque soir c'était la même chose. Arthur n'osait pas en parler à sa mère, sachant parfaitement – comme tout garçon sensé – que les monstres comme celui-là n'existaient pas, et l'idée de passer pour un fou ne le quittait pas.

Et il l'entendit.
Et elle l'appelait.


Oui, elle, Lupa. La déesse louve, celle qui avait allaité Romulus et Remus, l'une des déesses les plus puissantes et anciennes qui soit – du moins dans l'esprit d'Arthur. C'était... Comme un appel, tout au fond de son esprit, qui le poussait à prendre quelques affaires et à prendre le large. Il en aurait presque ignoré la harpie tant ce cri qui résonnait dans sa tête devenait... Présent. Alors du haut de ses huit ans presque et demi il rassembla deux ou trois objets et, un soir, quitta le petit studio plein de toiles peintes et de croquis. C'était simplement plus fort que lui. Il dévala en silence les marches jusqu'au rez-de-chaussée et...
Liberté.

Ou presque. Bizarrement, telle une boussole humaine, il savait à peu près où il devait aller. Quelque chose, ou plutôt quelqu'un, le guidait à travers New-York, à travers le monde. Bien sur il n'aurait pu y arriver seul mais il rencontra, sur sa route, une fille qui suivait... La voix. Elle aussi. Quelque part c'était rassurant, il savait qu'il n'était pas complètement cinglé. Et un jour les loups étaient apparus, au nombre de deux, le menant à toute allure à travers les bois, à travers le monde, jusqu'à la Maison du Loup. Et l'entraînemnt débuta. Pendant six mois le jeune Arthur, qui préférait se faire appeler Néo par ses compagnons, s'entraîna avec la déesse louve et sa meute ainsi qu'avec d'étranges choses : les Lares. Entre-temps il avait appris la vérité et les sornettes que lui balançait sa mère depuis sa plus tendre enfance avaient pris tout leur sens. Et lorsque les six mois furent écoulés, qu'il avait été jugé comme étant assez fort pour pouvoir découvrir le Camp Jupiter, Néo avait repris la route.


A partir de là il fut en Probatio, découvrant un univers qu'il n'aurait jamais cru voir un jour. Ne possédant absolument aucune lettre de recommandation il faut envoyé dans la cinquième cohorte ce qui, finalement, ne le dérangea pas tant que ça. L'année requise passa tranquillement, sans événement vraiment exceptionnels, et il fut un membre à part de la Légion, recevant au passage son tatouage SPQR. Ce n'est qu'à ce moment-là qu'il découvrit l'identité de son géniteur : Timor, le dieu de la Peur.

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