now i'm laying on the cold hard ground
Ma peur, la voilà, j'ai perdu quelque chose d'important que je ne peux pas retrouver alors que j'en ai besoin. C'est la peur du type qui a perdu ses lunettes et à qui l'opticien annonce qu'il n'y en a plus une seule paire dans le monde entier, qu'il devra faire sans dorénavant.
Il lui fichut une claque à l'arrière de la tête. « Réveille-toi, Paco ! Bouge un peu les moignons qui te servent de pieds, merde ! » Comme toute réponse, Paco hurla de rage en faisant tournoyer son glaive dans l'espoir de battre son père. Enfin, son père adoptif. Celui-ci s'appelait Benjamin mais tout le monde l'appelait Jack, il était le digne fils de Mars, avec une force de fou et tout et tout, et s'était marié à Agathe Greenwick, fille de Bellone, il y avait environ douze ans. Leur unique enfant, Paco, n'était même pas de lui mais il s'en fichait. De toutes manières, il ne pouvait pas avoir d'enfant alors bon... Une fille de Bellone et un fils de Mars, ça ne pouvait que faire un véritable légionnaire, un guerrier parfait.. ! Et pourtant, Paco était aussi habile à l'épée qu'à la lecture – c'est pour dire combien il était nul. « C'est moi qui vais te faire des moignons ! » hurla-t-il donc, en lançant désespérément son arme en avant, dans l'espoir de pouvoir faucher la main de son père. Jack dévia le coup avec une facilité insolente, tournoyant sur lui-même avant de frapper son fils d'un coup du plat de la lame, sur l'épaule. Le choc était si violent que le glaive de Paco lui échappa des doigts dans une glapissement très peu divin, tandis qu'il se roulait en boule sur le sol pour éviter une pluie de coups ou pire. Parfois, Jack s'enflammait, comme bon fils de Mars qu'il était, et mieux valait être roulé en boule sur le sol plutôt que face à lui. Malgré les années, Benjamin Nott n'avait jamais su maîtriser sa force... au grand déplaisir de ses femme et fils. Il releva son fils avec un bras. « Paco, il faut que tu-- » Il n'eut pas le loisir de finir sa phrase que déjà, Agathe, la mère donc, les appelait pour aller manger. « Ca va refroidir, p'tain ! » beuglait-elle en tendant son torse hors de la cuisine, dans le jardin, pour qu'il la voie. Elle avait les cheveux bruns de Paco, ça, c'était sûr. Mais ses yeux étaient d'un noir abyssal tandis que ceux de son fils était bleu océan. Elle avait constamment l'air sur ses gardes, un peu rustre et maladroite, mais quand un sourire éclairait son visage, il éclairait toute la maison. Elle portait un tablier rose. « On arrive, chérie, on arrive ! » lui cria Jack en posant une main sur l'épaule de son fils, le conduisant jusqu'à la baie vitrée qui menait à la cuisine. « Il faut que tu tiennes fermement ton glaive, Paco, et que tu baisses bien ton centre de gravité. » Le garçon avait alors dix ans et s'intéressait plus aux jeux qu'à la guerre. Jack soupira en voyant son fils approuver avec un air dans le vague puis lui ébouriffa les cheveux. « Pense toujours au centre de gravité, Paco. » lui dit-il avant de le pousser dans la cuisine.

« Allô, warrior, c'est ton papa à l'appareil. A l'instant précis où s'arrêtera ce message, laisse le téléphone dans la poubelle la plus proche : nous t'avions bien appris à ne te servir de ce téléphone qu'en extrême urgence. Je suis désolé, Paco, mais c'est une extrême urgence. Ne rentre pas à la maison, warrior, il fait pas bon vivre ici. Des... des Bienveillantes sont arrivés, trois sang-mêlés dans une même maison, à San Francisco, tu m'étonnes que ça devait arriver à un moment ou à un autre... ne nous en veux pas trop, d'accord, on a fait de notre mieux pour t'élever, tout ça... » Il y eut un long silence, Paco entendit sa mère crier et son père grogner en lui disant de se baisser. S'ensuivirent des bruits épars de ferraille s'entrechoquant et de verre se brisant avant que, à nouveau, la voix de son père résonne. Sa respiration était laborieuse, heurtée. « Ne rentre pas à la maison, Paco. Et souviens toi que-- » mais la correspondance s'interrompit. « Pour rappeler votre correspondant, tapez diè-- » Paco balança l'engin dans une poubelle. On l'avait préparé toute sa vie pour cet instant. Pourtant, alors qu'il aurait dû se sentir dans son élément – l'adrénaline, c'était son truc – et tout... il ne ressentait qu'un vide immense. Ses parents étaient certainement à l'hôpital, ou pire. Morts. Morts, morts, morts, envoyés en Enfer, dans le Tartare, encore plus profondément peut-être. Il ne les reverrait jamais. Il n'y avait plus qu'une seule et dernière solution...

La porte s'ouvrit sur le visage illuminé d'un garçon brun aux yeux clairs. « Salut tonton, je suis ton neveu. » Puis il passa sous le bras de l'adulte pour rentrer dans le petit appartement de Los Angeles. Dom était vraiment un loser. C'était le frère du père de Paco, qui lui était un grand guerrier mais Dom... C'était un peu le petit canard de la famille. Il avait les cheveux blonds cendré des Nott, les yeux dilatés des crack maniacs et la mine déterré d'un alcoolique pas trop anonyme. Paco décida qu'il l'aimait déjà bien. Il s'était assis sur le canapé du salon, avec juste son sac de cours sur l'épaule, et observait les villes aux anges s'éveiller par la baie vitrée. « T'as une super vue dis donc. » « Attends... tu m'as dit que t'étais qui déjà ? » Le garçon leva une paire d'yeux ingénu sur lui. « Paco Greenwick-Nott, tonton. Ton neveu. » Devant l'air ahuri de Dom, il continua dans sa lancée : « le fils de Benjamin. Jack. Tu sais. Ton frère. » Une lueur de compréhension s'alluma dans les yeux de Dom, alors qu'il refermait la porte d'entrée et avalait goulûment une gorgée de bière. « Et t'es ici pour...? » « Pour que tu m'emmènes au Camp Jupiter pardi ! »

« Et je t'occis, Paco Greenjesaisplusquoi ! » hurla le légionnaire en abattant son glaive vers le brun. Celui-ci poussa un cri de frayeur qui se transforma, cinq mètres plus loin, en gros rire débonnaire. Paco venait de se téléporter à quelques mètres de là et faisait négligemment tournoyer son épée en regardant son adversaire, ses yeux réduits à deux fentes furieuses d'avoir vu sa proie s'échapper. Le don de Paco n'était un secret pour personne. A vrai dire, personne n'aurait pu l'ignorer : il l'utilisait tout le temps. Quand il avait débarqué dans la Maison de Lupa, il ne s'était trouvé aucun don. Mais, grâce à l'entraînement de la Louve, celui-ci s'était développé, d'avoir faiblement puis à toute vitesse, jusqu'à ce qu'il arrive à le maîtriser sur le bout des doigts. C'était une seconde nature, pour Paco, que de se téléporter. Un grand lâche comme il était, toujours à éviter des coups pour vous en asséner dans le dos.. ça lui allait comme un gant. Son adversaire – un gars de la seconde cohorte – pivota sur ses hanches en balayant l'air de son glaive – mais Paco, à nouveau, se trouvait dans son dos. « Loupé. » Nouvelle attaque, nouvelle insolence. « Essaie encore. » « Tu as essayé mais à la fin, ça n'a pas d'importance. » « Wow j'ai failli y perdre un cheveu ! » « On va rester encore là longtemps ? » « Rends-toi, ce sera plus simple pour tout le monde. » « JAMAIS ! » hurla-t-il en retour, en tentant à nouveau de blesser le fils de Mercure. Celui-ci profita enfin de l'ouverture pour lui donner un coup de pied dans les côtes. C'était un peu un faiblard, Paco, mais le coup, violent et désespéré, eut le mérite de produire un crac plutôt reconnaissable. L'autre se relevait toujours, encore plus énervé qu'avant. Il posa deux doigts sur sa côte cassée et, dans un autre crac, celle-ci se remit en place. Paco aligna une paire d'yeux ronds en regardant son flanc puis plongea son regard dans celui de l'autre légionnaire. « Ca va durer longtemps, je le sens. » « Rends-toi, ça ira plus vite, sale petite merdeux. » Paco fronça les sourcils. « Hé, je suis pas un-- » Et maintenant, le petit merdeux faisait connaissance avec la poussière. Génial. Tout ce dont il avait rêvé. Les legs Apollon n'étaient vraiment pas des patients. « J'me rends, j'me rends ! » Puis, quand l'autre s'éloignait en grognant, époussetant ses vêtements. « Tête de Lard va. » « Je suis végétarien, espèce de merdeux ! » « LAISSE MOI TRANQUILLE ET POSE TOUT DE SUITE CE MORCEAU DE BOIS, DAWKINS ! »

Aujourd'hui je vais manger dans le réfectoire et, comme tous les jours, je mange seul, les gens me regardent d'un air peu amène, personne ne m'apprécie tout le monde me méprise. VDM.gif (tumblr)