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 (LORCAN) ›› UNBOWED, UNBENT, UNBROKEN.

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MessageSujet: (LORCAN) ›› UNBOWED, UNBENT, UNBROKEN.   (LORCAN) ›› UNBOWED, UNBENT, UNBROKEN. EmptyLun 6 Mai - 16:39

alaska lorcan tolkien
i am not a woman. i am an inferno, i am a tempest. i am venom and fangs and claws. i am lightning and starlight, and i am hell in high heels.
NOM : tolkien. au bruit guerrier des clairons et des trompettes retentissantes, comme un écho de requiem, couvrant ses cris et ses larmes. PRÉNOM(S) : alaska; celle contre qui la mer se brise. (puissante et impitoyable.) lorcan; peu féroce. (tendre ironie.) ÂGE : vingt-et-un ans. LIEU ET DATE DE NAISSANCE : 23/08/92, houston. (texas) DESCENDANCE DE : fille de mars ultor. arrière-petite-fille de mercure. POUVOIR : force décuplée. TRAITS DE CARACTÈRE : téméraire, implacable, loyale, impétueuse, altruiste, mauvaise perdante, fière, impertinente, idéaliste, vindicative. DÉFAUT MORTEL : son sens (exacerbé) de l’honneur. ARME : la panoplie propre à tout légionnaire. son arme de prédilection reste toutefois son glaive, fléau. COHORTE ET ANNÉES DE SERVICE : première cohorte ; depuis cinq ans. GRADE : légionnaire tyrannique et insubordonnée. AVATAR : phœbe (jane elizabeth) tonkin.


ET LES DIEUX T'EN PENSES QUOI ? TON ASCENDANCE DIVINE, TU TROUVES ÇA COOL OU NON ? haussement d’épaules ; elle suinte d’une nonchalance presque arrogante. “ j’imagine que je m’en satisfais. ” énonce-t-elle simplement, comme une leçon apprise par cœur ; récitée d’un ton morne, sans y croire. sans vraiment comprendre. depuis son plus jeune âge, on lui a dit d’avoir foi en ces dieux, entités siégeant au centre du monde, décidant du sort de ces pauvres mortels autour d’un verre d’ambroisie. dans le creux des bras de sa mère, elle se laissait bercer de ces récits antiques qu’elle a fini par connaître par cœur. elle n’a jamais vraiment songé à remettre quoique ce soit en question. sont-ils bons, méritent-ils cette cour de fidèles prêts à prendre les armes en leur nom ? et quand bien même, qu’elle les aime ou non, le monde continuera de tourner. (ils étaient là bien avant elle, et ils le seront certainement bien après ; ces êtres immuables sur lesquels le temps n’a aucune prise.) “ je fais des offrandes à mon père à chaque repas, si c’est ce que vous voulez savoir. ” lâche-t-elle dans un bâillement étouffé dans le creux de sa main. elle ne peut pourtant arguer aimer mars ultor comme l’on est censé chérir un père ; mais elle respecte l’idole, prie à l’autel de sa gloire, et défend son nom à la force de ses poings. pourtant, sous le revers de son cœur, quelque part, il y a une douleur dont il est responsable. l’absence, douloureuse, qui ne cesse de l’étreindre. (pas la sienne; car comment un étranger pourrait-il lui manquer ?) et les pourquoi ; elle n’en peut plus de ces pourquoi qui tourbillonnent dans sa tête, qui la hantent et la dévorent. une amertume latente qui la saisit à la gorge. elle est l’engeance de la guerre ; fille de ce qui a tué sa mère. comment pourrait-elle pardonner, lorsque son patrimoine génétique la prédispose à vouloir tout mettre à feu et à sang ? (et pourtant, elle a au fond du cœur ce souvenir impérissable d’une journée tempétueuse ; mais le tonnerre, c’était dans leurs yeux identiques qu’il grondait.) ET LES MONSTRES, T'EN AS VU UN RAYON OU TU LES FUIS COMME LA PESTE ? regard suave ; sourire sardonique ourlant ses lèvres. “ record du plus grand nombre de monstres abattus durant une quête. ” s’enorgueillie-t-elle, en faisant le signe de la victoire avec ses doigts. il serait hypocrite de nier que le combat la rebute, bien au contraire. archétype même de la progéniture de mars, elle ne se sent jamais aussi vivante que confrontée à un tel danger. la bataille est dans ses gênes ; et l’adrénaline est son carburant le plus précieux. plus qu’un plaisir, il s’agit d’un besoin, viscéral, qui la prend aux tripes. déverser toute cette violence, cette rage qui la bouffe de l’intérieur, perpétuellement. le fruit de cette colère dégueulasse et contrite, de cette vengeance éternellement inassouvie. (contre qui ? contre le destin, les dieux, le monde. contre elle-même.) combien de monstres se sont désintégrés sous sa lame ? combien de sang a-t-elle versé dans ces combats acharnés, ne se sentant jamais aussi vivante que lorsqu’elle frôle de (trop) près la mort ? elle s’est forgée dans l’ardeur des combats ; elle est née pour ces champs de bataille. son charisme s’épaissit au fil des affrontements menés (et remportés) ; elle n’a de cesse de renforcer sa psyché. c’est à double-tranchant, toutefois. “ il faut dire ; j’ai pas mal de succès avec eux. ” lorcan dégage, en effet, une odeur plus forte que n’importe quel autre sang-mêlé, même la progéniture de l’un des trois grands n’attirerait pas autant l’attention. aussi, elle est très rapidement assaillie, dés qu’elle quitte le camp ; ils se cherchent, constamment. ça l’a forcée à s’entraîner plus durement que n’importe qui et, aujourd’hui, elle peut arguer être l’une des légionnaires les plus redoutables de ce siècle. au creux de sa peau, bleus et cicatrices se côtoient ; blessures de guerre qu’elle couve d’un regard fier dans le miroir. comme si son corps meurtri était couvert de tout autant de médailles rutilantes. T'AS RÉAGI COMMENT EN ARRIVANT AU CAMP JUPITER APRÈS L'ENTRAÎNEMENT DE LUPA ? TU T'ENTENDS BIEN AVEC LE RESTE DE LA LÉGION ?j’suis sûre que je lui manque. ” un sourire goguenard étire sa lippe. lupa, déesse-louve, maîtresse de la maison du loup. lorcan ne s’en souvient que trop bien ; six mois à se battre, de jour comme de nuit, à réciter des psaumes latins, et à se chamailler constamment avec son instructrice. six mois à l’issue desquels elle a découvert le camp jupiter. son foyer, sa famille. elle entretient un rapport très singulier avec la douzième légion, attachée à l’excès à cette vie, mais aspirant pourtant à un ailleurs aujourd’hui. à l’issue de son probatio, elle a intégré la première cohorte et s’est rapidement fait un nom en son sein. guerrière implacable dont tous craignent le courroux ; simple légionnaire qui n’hésite pourtant pas à tyranniser ses pairs, toute dénuée d’autorité qu’elle est. elle n’a, en effet, jamais eu l’ambition de gravir les échelons, n’aspirant pas plus à devenir préteur que centurion – et personne ne serait assez fou pour lui proposer une montée en grade. bien que profondément indépendante, et souvent indisciplinée, n’en faisant qu’à sa tête ; son impertinence est toutefois la seule chose qu’on puisse vraiment lui reprocher. d’une loyauté exacerbée, aucun légionnaire n’est aussi fiable qu’elle lorsqu’il s’agit de se battre sous l’étendard de la légion fulminata, ou de prêter main forte à un camarade. au camp, elle est autant appréciée que crainte, car tous savent qu’au creux de son poing fermé se cache un cœur tendre. et elle s’est toujours sentie à sa place, ici. chez elle. (du moins, tel était le cas jusqu’à l’année dernière. aujourd’hui, tout semble si compliqué.) T'AS RÉAGI COMMENT EN APPRENANT L'EXISTENCE DES GRECS ? TU PENSES QUOI D'EUX ? rome est aux romains. si elle avait eu son mot à dire, les graecus n’auraient même pas traversé le petit tibre. à ses yeux, ils profanent leur camp et abusent impunément de leur hospitalité. “ on leur offre le gîte et le couvert, et ils ne trouvent rien d’autre que de critiquer notre civilisation, ou pleurnicher sur le destin tragique de leur précieuse colonie ? je ne peux décidément pas les sacquer; c’est viscéral. ” elle fait couler un regard noir vers le groupuscule, là-bas, réunis en cercle et susurrant quelques messes basses. les romains les ont accueillis, ils les protègent et eux ne cessent de leur rabâcher les oreilles, combien rome n’est qu’une pâle copie de leur propre culture. (oh, certes, il existe bien quelques similitudes ; les romains ont amélioré un système qui manquait cruellement d’audace et de panache, voilà tout. l’évolution, par les dieux.) “ ils feraient mieux de se faire entrer dans le crâne que, si on les a hébergés, on peut tout aussi bien les faire déguerpir à coups de pied au cul. ” une lueur féroce brille au fond de ses prunelles. lorcan ressemble à une gamine capricieuse à qui l’on a refusé de céder. en digne de fille de mars, elle se serait fait un plaisir de leur souhaiter la bienvenue à la romaine, comme lupa : que les forts s’avancent, et les faibles peuvent bien crever à leur seuil en s’y essayant. “ sans doute qu’il ne resterait plus beaucoup de grecs. ” souffle-t-elle, songeuse. enfin, de là à penser que ça pourrait être une mauvaise chose.


(et le joueur)JOURBON, LES JAMBONS. virtual heart, ou plus simplement joe(y) ; dix-huit ans d’ici quelques semaines – au dernier jour du bac, pour la petite anecdote. (c’est-y pas tragique, toussa.) et je suis une salade niçoise, vualà. (REPOSEZ-MOI TOUT DE SUITE CES HARICOTS VERTS.) ((aherm, je m’égare.)) (((pas de pomme de terre non plus, okay.))) ((((si vous voulez, je vous envoie la vraie recette par mp.)))) (((((breeef.)))))
btw; voilà lorcan, aka la version 2.0 de persée. (ft. amber heard, la dernière fois.) ((avant ça, y’a aussi eu avalon, avec nina dobrev.)) (((et aussi une tentative -infrustueuse, aherm- avec un max irons en fils de vulcain.))) donc, franchement, vous vous doutez bien que ce forum, jolem d’amour, et c’est un truc du tonnerre de zeus -aghr, non- jupiter.
alors, j’ai dévoré les bouquins de mr riordan. nico di angelo est mon baybay, ok. et je le shippe avec à peu près tout le monde, herm. surtout avec percy, en fait. alors que percabeth est mon otp absolu; paie la scizophrénie. dans le même genre, je shippe aussi annabeth/reyna. (MAIS PERCABETH, QUOI.) et puis thaluke, mais aussi thalia/bianca. (et ça commence à devenir BEAUCOUP trop compliqué.) et jasiper, jeyna et JASICO. (… vous pouvez pas savoir combien c’est dur d’être moi.) ((non, franchement.)) (((immensément dur.))) ((((trop de feels qui partent dans tous les sens ; et parfois carrément contradictoires.)))) et puis, clarisse/silena mais y’a charlena et chrisse aussi, aaghr. OH, THE BIG THREESOME AUSSI, OK. (percy/nico/jason; uuugh, ok.) et franchement, j’aime les persos secondaires ; genre, les frères alatir, will solace, katie gardner, drew tanaka, et toute la bande, quoi.  
sinon, je veux que les parques me donnent des missions suicidaires, qu’elles me harcèlent, qu’elles me pourrissent la vie; qu’elles se fassent plaiz, quoi. (allez-y, c’est gratuit)
pour finir sur une note patriotique: ROMANS RULE THE WORLD.
image (dailyptonkin@tumblr), icons (sugar slaughter@bazzart & pathos@bazzart)


Dernière édition par Lorcan Tolkien le Lun 22 Juin - 10:43, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: (LORCAN) ›› UNBOWED, UNBENT, UNBROKEN.   (LORCAN) ›› UNBOWED, UNBENT, UNBROKEN. EmptyLun 6 Mai - 16:53



chapitre trois
it's good to have a home


Les deux s'observent, tels deux chiens de faïence, sans faiblir un seul instant. Jusque dans leurs regards, c'est un duel de tous les instants, un désir de soumettre l'autre et de prouver, enfin, sa supériorité indiscutable. On les regarde, oscillant entre exaspération et crainte. Blasés par cette attitude qu'elles ont l'une envers l'autre ; effrayés par leurs deux caractères bien trop explosifs pour que la Maison du Loup tienne encore debout avant le départ de Persée. Finalement, Persée abdique et baissant à peine le regard, esquisse un faible sourire. Elle jette son sac sur son épaule et, à peine se détourne-t-elle que Lupa sourit, elle aussi. C'est toute la particularité de leur relation ; si fières et caractérielles qu'elles ne peuvent s'avouer leur tendresse réciproque. Lupa, déesse-louve, est l'étrange mélange entre une vielle femme ronchonne et une mère sans pitié lorsque l'on touche à ses enfants. Persée, c'est un peu la gamine insupportable sur laquelle on crie sans arrêt à cause de son impétuosité et de sa manie à n'écouter qu'elle-même mais qu'on aime en silence parce qu'elle amuse, attendrit. Durant ces six derniers mois, les deux n'ont fait que s'affronter, à travers les mots comme dans les combats. Ce n'est pas une forme de rivalité, loin de là. C'est plutôt l'amusant schéma d'une relation mère-fille lorsque la seconde entre dans la terrible période de l'adolescence. Elles n'ont eu de cesse de se chamailler mais, d'après Stannis, ce sont ces têtes brûlées avec lesquelles elle entretient des relations de ce genre, d'apparence conflictuelles mais pleines de complicité, que Lupa préfère. Persée amorce un pas, prête à quitter la Maison du Loup qui l'a accueillie pendant six mois pour se rendre au Camp. Mais, le léger grognement qui résonne à ses oreilles lui arrache un sourire ; c'est ainsi que la déesse-louve l'interpelle depuis la première semaine. Elle ne se détourne pas, tourne juste le visage pour intercepter le regard de Lupa. « Si tu pouvais laisser le Camp en un seul morceau. » Un léger rire s'élève dans les airs, elle resserre sa prise sur la bretelle de son sac et répond, un peu fière : « Il devrait pouvoir tenir un an ou deux. » Le son qui s'élève, elle ne l'a jamais entendu mais elle sait aussitôt que c'est le rire de Lupa. C'est étrange, loin de ressembler à un rire humain, mais le son trahit l'amusement de sa comparse. Elles ne disent rien, ni l'une ni l'autre, mais elles sont un peu nostalgiques à l'idée de se quitter. C'était amusant, ces derniers mois. Mouvementé, surtout. La déesse-louve a beau cacher ses instincts maternels derrière des babines retroussées et des ordres aboyés d'un ton sans équivoque, elle ne peut pas s'empêcher de les regretter, un peu, ses enfants qui s'en vont. Elle devrait être rodée depuis le temps, depuis Remus et Romulus, mais le départ de Persée lui laisse le même pincement au cœur qu'avec les jumeaux. Stupides enfants de Mars. Ce sont ceux qu'elle regrette le plus, souvent, lorsqu'ils sont dignes d'elle, de leur père et de leur nature. Elle va lui manquer, cette brunette et son mauvais caractère. La Maison du Loup risque d'être calme, ces prochains mois, il lui faudra quelques jours pour se réhabituer au simple silence rythmé par les gémissements sous l'effort et la fatigue. Il lui faudra un peu de temps, pour se réaccoutumer aux sang-mêlés plus calmes, plus obéissants, moins impétueux, moins insolents. Pour que les colères épiques et les jurons de Persée ne viennent plus caresser ses oreilles. De nouveau, leurs regards s'accrochent, mais cette fois, c'est Lupa qui se dérobe la première. C'est comme un message tacite entre les deux. Une déclaration muette qu'elles sont les seules à comprendre, malgré tous ceux qui les regardent. Comme une bénédiction soufflée du bout des lèvres. Face à face, comme toujours, comme si elles étaient, une fois encore, prêtes à s'affronter. Le sourire de Lupa dévoile ses canines acérées et elle lance : « Tu feras certainement honneur à tes ancêtres. » Persée arque un sourcil, surprise, incompréhensive surtout, mais la déesse-louve lui indique promptement la forêt derrière elle et, dans son regard, elles savent toutes les deux que c'est le dernier ordre qu'elle pourra jamais lui donner. Marche sans te retourner. Et si tu n'en peux plus, marche encore. Et c'est ce qu'elle fait.

C'est donc ça, le Camp Jupiter. Étrangement, la Via Praetoria semble d'autant plus immense avec les cohortes, postées de part et d'autre, en tenue réglementaire, le regard droit, le visage impassible tandis que les centurions font l'appel. De son côté, Persée est mise à l'écart, entourée de deux grands gaillards, aux traits nets et à la mâchoire carrée. À côté d'elle, deux gamins s'échangent des regards angoissés, les genoux tremblotants ; on reconnaît partout dans leur attitude leur inexpérience. Ils se sentent mal à l'aise et c'est cruellement visible, risible même. Mais qui ne le serait pas, au fond, face à deux bonnes centaines de soldats armés jusqu'aux dents ? Un lent sourire se dessine sur ses lèvres lorsqu'elle constate simplement que son cœur bat un rythme tout à fait régulier, qu'elle ne frémit pas sous les œillades tantôt suspicieuses, tantôt méfiantes des légionnaires. Elle n'est nullement impressionnée et se féliciterait presque de cette attitude si elle n'était pas habituée à se comporter ainsi. Depuis sa tendre enfance, l'australienne impressionne plus qu'elle ne l'est à son tour ; que ce soit les monstres ou les demi-dieux, rares sont ceux qui auront un jour l'occasion de la laisser sans voix, clouée sur place par l'admiration ou un quelconque respect. Trop impétueuse, trop libre. Les porte-étendards s'avancent, brandissant les enseignes de chaque cohorte. Aussitôt, le regard de la brune accroche celui de la première. Sa cohorte, elle en est intimement persuadée ; sa place se trouve là-bas et nulle part ailleurs. Ce n'est nullement de la prétention, juste une intime conviction qu'elle est amplement qualifiée pour servir au sein de la meilleure cohorte. Qu'elle saura se battre en arborant fièrement son blason.

L'un des deux préteurs scande un « Romains ! » sonore et tous sont aux aguets quant aux prochaines paroles tandis que la jeune femme, juchée sur le dos d'un pégase, entame un bref discours quant aux trois nouvelles recrues présentes ici. Le garçon, à sa gauche, met quelques instants avant de percuter qu'elle parle d'eux et Persée ne peut s'empêcher de lever les yeux au ciel. Le second préteur, se tourne vers eux, les surplombant de toute sa hauteur. « Recrues, avez-vous des références ? » mais il ne regarde qu'elle, droit dans les yeux. Les deux autres sang mêlés s'observent du coin de l’œil, totalement désemparés tandis que, levant les yeux au ciel, la brune lui tend ses trois lettres de recommandation. Son vis-à-vis arque un sourcil avant de feuilleter brièvement les bouts de papier et de s'arrêter fixement sur la dernière. Il relève le regard et accroche le sien, brillant de fierté et de détermination. Le préteur semble de suite s'intéresser un peu plus à elle, au point d'en oublier les deux autres gamins qui se balancent d'un pied sur l'autre ou se triturent nerveusement les doigts. Et elle est là, entre ces deux-là, droite et fière, la carrure même d'une légionnaire, et le tempérament qui va avec, songe le préteur, en interceptant le léger sourire arrogant qui ourle désormais ses lèvres. Il ne peut s'empêcher, cependant : « Une lettre de recommandation de Stannis. Rien que ça. », commente-t-il simplement, et, brusquement, même les habitués, ceux qui ne sont là que par obligation et qui feignent l'impassibilité lorsque ce n'est que de l'indifférence, tous braquent leurs regards sur la petite nouvelle ; quelques murmures s'échappent, s'envolent. Une lettre de recommandation, de Stannis, l'ancien préteur et l'un des plus grands héros que le Camp ait jamais porté ? Ceux de la Cinquième, les plus mal lotis, échangent un regard blasé. Encore une gamine prétentieuse qui sera envoyée dans la première cohorte par piston, en oubliant le mérite. Au fond, l'intégration au sein de la Douzième Légion, ce n'est qu'un coup du destin. Les plus chanceux s'en vont engrosser les rangs des meilleures cohortes, et les autres n'héritent que de celles qui restent. Le préteur se retourne vers l'assemblée : « Quelqu'un pour se porter garant de la recrue ? » Un silence d'une seconde. Peut-être deux, lorsque retentit une voix rauque, semblable à un rugissement : « Moi. » Une clameur surprise résonne dans les rangs, sitôt calmée par un simple revers de main du préteur. Un sourire fleurit sur les lèvres du centurion de la première cohorte alors que tous s'interrogent silencieusement. « Vraiment, Gallagher ? », s'étonne le préteur et, en guise de réponse, il n'obtient qu'un simple haussement d'épaule. « Très bien. La Première Cohorte l'accepte, je suppose ? » Ce n'est même pas une question ; tous savent qu'on ne défit pas l'autorité de Gallagher ; s'il la veut dans la cohorte, il l'aura. D'un même mouvement, ils frappent leurs boucliers contre le sol et le sourire en coin du centurion s'agrandit.

« Félicitations, Wyot, te voici en probatio. Senatus Populsque Romanus ! » Tous les légionnaires reprennent en chœur et c'est d'une démarche mesurée, quoiqu'un brin satisfaite, que Persée rejoint les rangs de la cohorte qui sera bientôt officiellement sienne. Postée à la droite du dénommé Gallagher, elle ne peut s'empêcher de souffler, le regard rivé vers les deux autres recrues qui attendent nerveusement qu'on les place rapidement dans leurs cohortes, l'air de rien : « Merci pour ta confiance. » Le centurion, tout comme elle, garde les yeux fixés sur le spectacle affligeant d'un gamin qui ne comprend strictement rien à ce qu'on lui raconte avant d'observer désespérément l'assemblée en attendant qu'une âme charitable veuille bien le prendre en charge. Il desserre à peine ses lèvres pour rétorquer : « Ce n'est pas pour tes beaux yeux ; j'en devais une à Stannis. C'est tout. » Soudain, le regard amène de Persée s'écarquille avant qu'elle ne reprenne aussitôt contenance. Eh quoi, on veut déjà lui coller l'étiquette de la pistonnée ? Oh, il ne peut pas plus se méprendre sur son compte. Stannis ou non, elle mérite d'être là, à côté de lui, à l'ombre du large étendard de la première cohorte. « Et tu crois que c'est en te portant garant de moi que tu vas rembourser ta dette ? Je suis loin d'être un fardeau, Gallagher. » Il détache finalement son regard lorsque le garçon est envoyé dans la cinquième cohorte sous un énième soupir de leur centurion – rebelote, songe-t-il à cet instant – et un sourire amusé est peint sur ses lèvres lorsqu'il doit baisser les yeux pour croiser ceux, d'un bleu orageux, presque anthracite, de Persée. Elle a de l'audace, et un peu trop d'impétuosité qui ressemble même à de l'insolence. Elle sera certainement insupportable, intraitable ; discutera tout aussi certainement chacun de ses ordres, rechignera constamment à obéir. Elle s'amusera à le défier devant le reste de la Légion, prendra plaisir à l'agacer, le lasser jusqu'à ce qu'il se mette à la menacer. Oui, il voit déjà le potentiel de petite emmerdeuse qu'elle possède. Mais, il lit tout aussi bien dans ses yeux la détermination, la force farouche, le courage et son envie d'en démordre. Il décèle d'ores et déjà tous les traits d'une grande guerrière. Le genre qu'on exècre parce qu'elle est tout simplement insupportable concernant son comportement mais qui remplit la moindre de ses tâches, qui fait sa besogne et qui réussit chaque mission qu'elle entreprend. Le genre de gamine qu'on a envie d'étriper parce qu'elle fait bien son boulot, mais à quel prix. Quant à la matter, il n'ose pas même en rêver mais il sait d'ores et déjà qu'elle va l'amuser, avec ses grands airs et sa force de caractère. Et, devant le regard empli de défi qui prend la délicate teinte de l'orage, il ne peut que lui souffler, un sourire amusé qu'elle juge horripilant, au bord des lèvres : « Bienvenue dans la première cohorte, Wyot. »

Dans le silence matinal, les échos des gladius et pilum s'entrechoquant viennent briser la brève quiétude que peut connaître le Camp. Puis, par intermittence, une plainte résonne, un soupir las, une supplique incompréhensible. Deux jeunes gens se font face. Le garçon, une haute stature et un glaive à la lame bien tranchante, respire par saccades en subissant les assauts ininterrompus d'une brune à la musculature si fine qu'elle semble simplement mince. Il tente une ultime offensive. Elle pare le coup, tend le bras et touche. Fait mouche. On entend aussitôt un grand fracas ; le son de l'or impérial tombant rudement au sol. Il lève les bras, en signe d'armistice. « Forfait. », souffle-t-il, en désespoir de cause, face au sourire – qui n'augure vraiment rien de bon – de Persée. Elle arque un sourcil, le sonde de son regard désarmant et il ne peut que se sentir mal à l'aise sous ses yeux qui semblent le sonder de la tête aux pieds. « C'est trop facile. », conteste-t-elle et, d'un simple signe de tête, elle l'intime de récupérer son arme, échouée au sol pour reprendre l'entraînement là où ils l'ont arrêté. Il soupire, garde ses mains levées et semble la supplier du regard d'avoir enfin pitié de lui. Deux heures qu'elle l'épuise, à attaquer, parer, encore et encore. Et le pire, dans tout ça, c'est qu'elle n'en a même pas besoin. Non, le pire c'est bien qu'elle semble en pleine forme alors qu'il jure être sur le point de rendre l'âme. C'est vraiment injuste ; il a fallut qu'il soit la seule pauvre âme charitable dans le périmètre accédant à sa requête de s'entraîner un peu, histoire de ne pas se rouiller. Tu parles. Persée Wyot-Earnshaw est un vrai parcours du combattant à elle toute seule. Le genre de parcours qu'on fait parce qu'on se dit qu'on en tirera une immense fierté après avoir réussi ; mais pendant lequel on ne fait que pester et prier les dieux pour ressortir vivant de cet enfer. Elle fait la moue, approche lentement, d'un air menaçant, sa lame de son adversaire ; il tente de demeurer impassible mais, intérieurement, il est terrorisé. Qu'est-ce qu'un pauvre fils de Bacchus saurait faire face à cette furie ? « Reprends ton arme, Lance. », ordonne-t-elle presque, dans un grognement, mais lui persiste, campe sur ses positions et hoche énergiquement la tête de gauche à droite. Il ne doit absolument pas lui céder, ou il est sûr de repartir pour deux bonnes heures et il ne saurait imaginer finir avec tous ses membres. Elle pousse une brève exclamation frustrée avant de rengainer son arme, de mauvaise grâce. Le susnommé Lance la regarde faire, rassuré d'en avoir enfin terminé. « Les autres ont prévu un feu de camp, ce soir, au Petit Tibre. Ça te dit ? » Elle arque un sourcil, comme indécise ; elle n'en sait trop rien. Elle avait plutôt prévu de s'entraîner un peu, ce soir aussi. Mais, pourquoi pas ? Un peu de repos ne lui ferait pas de mal. Et puis, connaissant Lancelot, il n'aura pas invité n'importe qui ; surtout qu'il saura faire passer à peu près n'importe quoi au Camp, alcool comme cigarettes. Elle sait, comme quasiment toute la Légion, que les feux de camp organisés par le fils de Bacchus sont toujours phénoménaux. Alors, simplement, elle hoche la tête. « Si je finis de m'entraîner pas trop tard, je passerai. » Il lève les yeux au ciel, exaspéré par son assiduité au combat. « Par les dieux, Persée, si tu ne t'entraînes pas vingt heures par jour, une fois, ça ne te fera pas de mal. » Elle fronce les sourcils, s'apprête à répliquer qu'elle ne s'entraîne que six heures par jour mais s'abstient finalement en comprenant qu'il ne fait qu'ironiser. Elle n'a jamais été particulièrement sensible à l'humour, sous n'importe quelle forme, même si elle se déride de plus en plus depuis son arrivée au Camp. Sans doute parce qu'elle se sent bien, ici, comme nulle part ailleurs. Chez elle. Parmi les siens. Sa famille. Sa maison. Elle fait mine de soupirer, et lâche : « Très bien, j'y serai. » Et Lancelot de partir de son pas sautillant, jovial, chantonnant l'air d'une chanson paillarde quelconque et abordant n'importe quel sang-mêlé sur son passage. Persée le suit du regard, en souriant, jusqu'à ce qu'il disparaisse derrière l'entrée du Colisée. Puis, elle se retourne, dégaine à nouveau son arme, avance sa lame, pare, attaque, s'imaginant sans doute cernée par un millier d'ennemis qu'elle saurait éradiquer les uns après les autres. Mais, pendant cet entraînement, il n'y a que les échos des rires prochains, les éclats de voix de sa part lorsqu'on cherchera trop à l'agacer. Et son sourire persiste, malgré la lame qui pénètre inlassablement dans la chair des mannequins.


chapitre quatre
incest is a voluntary act on the woman's part


Elle fait passer son tee-shirt par-dessus sa tête, lentement. Il voit les cicatrices, si fines qu'elles pourraient paraître invisibles sur sa peau d'albâtre ; mais il les voit, toutes, sans exceptions, elles le narguent du regard, lui rappellent qu'il ne saura jamais la préserver de ces marques sur sa peau, pas plus que les effleurer d'une main amoureuse. Elle se bat trop, Persée, et elle en récolte nombre de blessures et l'ambroisie et le nectar n'y font rien mais qu'importe ; ses bleus, ses cicatrices – blessures de guerre, qu'elle dit –, elle les couve d'un regard tendre, un peu fier aussi. Il lève la tête jusqu'à son visage, se décidant à finalement détacher ses yeux du corps de la jeune femme au risque de vouloir faire plus que simplement la regarder. Ses cheveux ébènes sont emmêlés et l'épais trait de khôl – seul artifice dont elle use quelques fois – sous ses yeux s'est effacé depuis longtemps déjà ; elle est recouverte de boue, sale comme un docker. Pourtant, il ne l'a jamais trouvée aussi belle, ni aussi désirable. Feignant un calme qu'elle ne possède pas, elle s'appuie nonchalamment contre la commode derrière elle, en prenant une pose provocante. Son jean glisse un peu, découvrant une hanche saillante mais terriblement désirable. Il détourne les yeux. Elle est sale, et elle sent les égouts. La belle Persée n'est plus qu'une tâche de crasse dans le quartier immaculé de la première cohorte. C'est une tâche de saleté ; mais elle ne fait pas tâche. Bien au contraire. Elle n'est là que depuis deux ans mais elle s'est déjà immiscée à la perfection dans le Camp, sa vie, son esprit. Gamine insaisissable, peu recommandable et pourtant incroyable. Il n'arrive plus à se la sortir de la tête. C'est horrible, terrible. Infâme obsession ; abjecte passion. Et ça l'amuse, elle en joue plus qu'elle ne veut bien l'avouer. Ça l'amuse, de se balader, presque nue, dans la caserne, pour le simple plaisir de le voir la suivre du regard avec envie et désir contrit.

Mais pour l'heure, elle n'est ni aguicheuse, ni câline. L'indifférence qu'il tente d'afficher la rend folle. Et elle hurle soudain à la mort, retient les larmes qui ne demandent qu'à couler, retient son cœur fissuré qui ne demande qu'à se briser. Elle hurle, sans se soucier d'alerter le reste de la cohorte, parti depuis seulement quelques minutes pour leur laisser le temps de discuter seul à seul, comme il leur a demandé. Elle essuie d'un revers de main brutal les larmes sur ses joues. « Répète encore une fois la putain d'infamie que tu viens de proférer ! » Et lui, il a envie de lui dire, que c'est elle, la putain d'infamie. Mais il est trop occupé à tressaillir, comme il le fait à chaque grossièreté qui franchit ses lèvres pures. Il se ressaisit aussitôt et tente de paraître impassible même si ça lui fait mal, horriblement mal, de la voir dans cet état. « Fais pas l'enfant, Persée. J'ai juste dit que je voulais retourner dans le Kansas, et rester avec ma famille. » Elle a envie de lui en foutre une. Pour son calme apparent, son semblant de sérénité. On dirait qu'il n'en a rien à foutre, de sa détresse, de la tempête qui la tourmente. Et ça la tue. Il a les mains dans les poches, est adossé au mur, juste à côté de la porte, le plus loin possible d'elle. Mais son visage ne trahit aucune émotion, comme s'il ne se déroulait qu'une conversation totalement banale, entre deux personnes tout aussi banales. On y croirait presque. Elle a envie de lui hurler combien il lui fait mal. Elle ne veut pas qu'ils se quittent comme ça, dans l'indifférence et l'ignorance. Elle ne veut pas qu'ils se quittent, tout court. Mais s'il doit partir, il est hors de question qu'il emporte le souvenir flou d'une gamine brune un peu trop colérique avec lui. Elle veut parasiter le moindre de ses souvenirs, devenir son obsession, l'empêcher de regarder la mer ou une jolie brune dans la rue sans penser à elle. Elle veut qu'il crève, à petit feu. Qu'il souffre, de l'avoir quittée, comme elle souffre en cet instant. Et elle la déteste, cette famille pour qui il veut la quitter. C'est même pas son vrai père, bordel ! Ce sont que des demi-frères qui l'attendent ! Qu'est-ce qu'ils ont de plus qu'eux, les autres sang-mêlés du Camp, qui le comprennent ? Qu'est-ce qu'ils ont de plus qu'elle ? Il ne peut pas l'abandonner pour des retrouvailles familiales à la con. Il ne peut pas la laisser là, et partir, aussi simplement que ça. Mais, pire que le calme apparent, c'est son mensonge qu'elle ne peut tolérer. Son putain de mensonge. Elle n'est rentrée au Camp que depuis une heure mais, déjà, elle a entendu les rumeurs. Gallagher s'en va, murmure-t-on. Gallagher s'est trouvé une jolie fille, souffle-t-on. Et elle la déteste, cette pimbêche. L'exècre. L'abhorre. Si elle vient à la croiser, elle la frappera. La torturera. La tuera. En attendant, c'est lui qui la tue. « T'as pas le droit... », sa voix se résume à un simple murmure rauque et elle sent doucement ses jambes fléchir, prêtes à lâcher sous le poids de son corps dévasté. « Tu peux pas me laisser pour une putain de mortelle ! Elle te comprendra jamais comme je te comprends ! Elle t'... » Il se détache du mur, amorce un pas vers elle et ses mots ont beau calciné sa langue, ils ne font que mourir sur ses lèvres un peu fades. Elle n'arrive plus à articuler le moindre mot ; dans les yeux de Gabriel brille une lueur mauvaise et dévastatrice. De la colère, peut-être. Sans doute. Tournée vers elle et ses caprices de gamine, vers ses yeux qui ont pris la terrible teinte de gris anthracite, vers son corps fébrile qui ne demande qu'à se cambrer vers lui.

« Nous, c'est malsain. », lance-t-il calmement, comme ultime argument et il renchérit : « Et y a aucune putain d'infamie à le dire. » Elle a horreur de ça, quand il s'approprie ses mots, ses phrases et qu'il les retourne contre elle. Elle déteste cette supériorité qu'il assoit sur elle lorsqu'ils sont en désaccord. Parce que l'emprise qu'elle a sur lui ; il la maintient sur elle, aussi. Elle le déteste, à cet instant. Car elle sait comment chacun de leurs échanges à ce propos se concluent. Habituellement, il se contente de lui tourner le dos, s'en allant sans un mot et, lorsqu'ils se croisent de nouveau, c'est comme si rien ne s'était jamais passé. Comme s'il n'existait aucun lien particulier entre eux. Elle le déteste, et elle a envie de le gifler tellement il lui fait mal. « Moi, ce que je vois, ce sont des sentiments, parce que, moi, je t'aime, Gabriel. » Sa voix se meurt dans un sanglot déchirant et il la soupçonne de faire exprès. Elle a toujours été exubérante, un peu trop éloquente, un brin manipulatrice, aussi. Son regard toujours fixé sur elle, il se fige aussitôt. Comme cloué sur place, retenu par une force invisible. C'est la première fois que de telles paroles franchissent ses lèvres. Elle n'est jamais allée jusque là. D'habitude, elle se contente de lui dire que leur relation est particulière et que fermer les yeux ne pourra pas tout effacer ; qu'ils doivent en parler. Mais Gabriel fuit constamment, comme apeuré par ces quelques mots qu'elle pourrait un jour lui avouer du bout des lèvres. Ces quelques mots qu'elle vient de lui balancer, comme ça. Ce ne sont pas des mots qu'on peut jeter à la figure, sur un simple coup de tête. Ce ne sont pas des mots qu'on peut dire lorsqu'on est dans leur situation. Lorsqu'on est frère et sœur. Il se reprend, fait un pas supplémentaire en avant. Et encore un. Dans ses yeux, la lueur n'en est que plus inquiétante, plus vive et tourmentée. Et il sait combien c'est mal, ce qu'il fait. Il ne cesse de se le répéter lorsqu'il serre fort les bras de Persée entre ses poings crispés. Lorsqu'il l'assoit de force sur la commode derrière elle et la plaque au mur. Et quand ses lèvres s'écrasent avec violence sur les siennes.

Ils n'ont pas le droit. Aussi, à peine a-t-elle le temps de se rendre compte qu'il l'embrasse qu'il se recule déjà. La prive de cette chaleur, cette flamme qui est venue embraser son palpitant. « C'est bien ce que je disais : c'est malsain. Alors, je te quitte. », grince-t-il entre ses dents. Et le désespoir qui brille dans les yeux de l'australienne ne manque pas de lui serrer le cœur. C'est encore pire que ce qu'il avait imaginé. Pourtant, ses paroles mettent un terme, net et sec, aux larmes qui continuaient de couler le long des joues de sa demi-sœur. D'abord interloquée, elle le regarde, ancre son regard oscillant entre rage et désespoir au fond de ses propres yeux. Il jure y déceler, non sans appréhension, de la colère et un sentiment de trahison qu'il s'efforce pourtant d'ignorer. Soudain, elle éclate de rire, un rire qui frise l'hystérie. Un frisson vient meurtrir sa peau tant ce son lui est insupportable. Mais les prunelles, d'ordinaire azures, désormais grises, ne rient pas. Bien au contraire, au fond de ses iris brillent les promesses de mille et une douleurs. « Tu me quittes ? Tu ne peux pas me quitter. Pas maintenant. Jamais. D'aucune manière. T'entends ? » Son ton est menaçant. Ses mains tremblent. Mais il ne se laisse pas intimider. Il est fils de Mars, par Jupiter ! Il est plus fort qu'elle, malgré ce qu'elle veut bien lui faire croire. Derrière lui reposent dix années d'entraînement rude au Camp. Et il a vingt années au compteur, vingt années à se battre pour survivre. Alors, ce n'est pas une gamine de dix-sept ans qui va changer tout ça. Même s'il s'agit de Persée Wyot-Earnshaw et qu'elle exerce sur lui un pouvoir mystique profondément étrange. « On peut pas continuer. On n'est pas faits pour ça, c'est pas normal. » En vérité, bien des fois il s'est demandé pourquoi. Pourquoi eux, pourquoi lui ? Pourquoi ils s'aimaient alors que ça ne rentrait pas dans la norme des choses. Pourquoi ils ne pouvaient réfréner leurs sentiments alors que ça faisait si mal. Elle le rend faible, et c'est intolérable. Gabriel est un guerrier. Et un guerrier se doit d'être fort. S'il ne peut combattre sa faiblesse, alors, il doit s'en éloigner. Cacher ce talon d'Achille honni, jusqu'à l'oublier. C'est un sentiment d'urgence qui l'habite depuis quelques mois. Une urgence nouvelle qui le tourmente et le pousse à vouloir quitter définitivement le Camp plutôt que d'emménager à la Nouvelle Rome. Et, souvent, il le maudit, ce père absent et incompétent. Pas foutu de rendre ses enfants heureux. Ou, à défaut, de les protéger de certains maux qui leur tombent constamment sur la tête. Il ne peut pardonner à Mars d'être son père et celui de Persée. D'être l'unique obstacle – pourtant insurmontable – qui se dresse entre eux. Ils sont en train de s'enchaîner à une relation destructrice, plus que toute autre, car elle ne fera que les mener à leur propre perte. À la douleur, plus vive encore que celle qu'ils ont jamais connu. La frustration. Ils ont toujours su faire avec, depuis leur rencontre, survenue deux ans plus tôt. Mais aujourd'hui, éprouver autre chose que des sentiments fraternels devient insupportable, chaque jour est une réelle torture. C'est un crève-cœur de lui asséner de pareille paroles, de lui infliger la peine qu'il ressent. Mais c'est un mal nécessaire.

Le rire de Persée s'est éteint. Et elle le regarde, blafarde, le visage plus ravagé que jamais, où l'incompréhension a finalement déformé ses traits. Elle pleure réellement, cette fois, de grosses larmes silencieuses roulent sur ses joues. « Va t'en. », chuchote-t-elle et, voyant qu'il n'a pas bougé, elle réitère, criant cette fois-ci dans un cri : « Dégage ! » Elle le repousse de toutes ses maigres forces comparées aux siennes. Elle descend aussi précipitamment de la commode sur laquelle elle est juchée et une terrible aura l'enveloppe, au grand dam de Gabriel. La rage, dont elle a l'habitude d'être habitée, n'a jamais été si vive. Et, cette immonde colère ne fait qu'amplifier ses sentiments, déjà si forts, qu'elle ne peut décemment plus les contenir. Si forts qu'elle préfère se protéger grâce à cette putain de rage. Mais là, elle est déjà totalement sous son emprise. Et c'est comme verser de l'huile sur un feu déjà incandescent. Elle prend feu. Et elle lui hurle : « Va les retrouver, ta putain de famille, et ta putain de copine ! » Voyant qu'il n'a pas esquissé le moindre geste, elle se penche en avant pour ramasser son tee-shirt ; et le jean – ô cruel – glisse un peu plus, dévoilant davantage sa peau d'opale. Elle aura raison de lui, pense Gabriel. Mais ça n'a plus d'importance car il a fait le bon choix. Elle fait un pas en direction de la sortie, les larmes – cette fois de rage et non de douleur – continuent de couler mais elle n'essaie plus de les essuyer, elle s'arrête finalement et assène : « Inutile de venir me faire tes adieux. » Ils comprennent tous deux le sous-entendu : je t'ai déjà fait les miens. Je te renie. Il a l'ombre du choix mais tous le font basculer dans la terrible réalité où elle le déteste pour avoir fait le bon choix. Alors, elle fuit de la caserne, sans se soucier du fait qu'elle est à moitié nue. La porte claque, laissant Gabriel seul et désemparé. Finalement, il pousse un soupir et s'attèle à faire ses bagages avant que Persée ne revienne. Parce qu'à partir d'aujourd'hui, se revoir est interdit.

Après avoir passé deux bonnes heures au bord du lac pour se calmer, Persée rentre finalement. Le lit de Gabriel est vide. Ses armes ne reposent plus sur le drap immaculé, son tee-shirt n'est pas posé dessus. Il est parti. Et la phrase, terrible, s'insinue en elle, parasite son esprit, la moindre parcelle de son corps, jusqu'à ce qu'elle se retrouve incapable de penser à quoique ce soit d'autre. Il est parti et ne reviendra plus ; et le pire, c'est qu'elle ne peut s'en prendre qu'à elle-même. Le pire, c'est qu'elle n'a même pas pu lui dire au revoir en bonne et due forme ; qu'elle doit accepter l'idée que le souvenir qu'il emportera d'elle n'est autre qu'un visage déformé par la rage, un cœur transpercé par une flèche trop douloureuse, des paroles amères, morsure virulente. Et elle a envie de taper du pied, tout envoyer valser, crier de frustration. Les autres membres de la cohorte la regardent en coin, à la volée, un peu craintifs, un peu inquiets. Ils ne veulent pas s'attirer ses foudres, pas lorsqu'ils savent qu'elle serait capable de s'en prendre à n'importe lequel d'entre eux pour briser le mutisme dans lequel elle vient de s'enfermer. La rage est encore là, enserrant cruellement son palpitant et ne demande qu'à s'exprimer, vive, virulente, puissante. Mais l'australienne ne peut pas se le permettre au risque de tout réduire à néant autour d'elle. Gabriel fut une tempête dans sa vie, un ouragan qui aura tout balayé sur son passage, tout détruit. Brisé. Il lui a brisé le cœur. Et, dans le silence de la caserne, elle jure silencieusement qu'on ne l'y reprendra plus à tomber amoureuse. Car, à partir d'aujourd'hui, c'est elle qui brisera les cœurs si elle ne se contentera pas de les transpercer de la pointe de son pilum.

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Dernière édition par Persée B. Wyot-Earnshaw le Lun 6 Mai - 16:56, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: (LORCAN) ›› UNBOWED, UNBENT, UNBROKEN.   (LORCAN) ›› UNBOWED, UNBENT, UNBROKEN. EmptyLun 6 Mai - 16:54



chapitre cinq
when you play a game of thrones you win or you die


Ils avancent tous les quatre, aux aguets. Le moindre mouvement leur paraît suspect et c'est de plus en plus dur de ne pas céder à leur impulsivité – maudite hyperactivité – et de foncer aussitôt dans le tas. Mais ils ne peuvent pas se le permettre, cela réduirait à néant tous les efforts accumulés pour retrouver les déserteurs. Ces trois gamins, honte de Rome, ont osé fuir. Fuir pour sauver leurs peaux alors que leur cohorte brandissait les armes face à un groupe de monstres, posté au sommet de la vallée qui surplombait le camp. On avait envoyé la seconde et la troisième cohorte et trois jeunes gens en avaient profité pour se carapater dans le capharnaüm qui régnait. Elle serre les poings, énervée, honteuse de se battre sous le même étendard que ces couards. Dégoûtée qu'on attribue le nom de guerriers, d'enfants de Rome ou de légionnaires à ceux qui osent abandonner leurs frères, leur patrie et leur honneur pour sauver leur peau. Les déserteurs se font si peu nombreux, au Camp. Rien que l'entraînement à la Maison du Loup forge le caractère et, débarqués à la Légion, tous adhèrent aux idées de Rome. Et Persée n'a jamais fait exception à la règle ; bien au contraire, elle est même l'archétype de la fille de Mars, de la guerrière née, la légionnaire. Elle se bat avec détermination et courage. Elle scande le nom de Rome au combat. Elle tue mais ne torture pas. Des valeurs qui pourraient surprendre, parfois, lorsqu'on la voit, si colérique, si encline à se battre pour un oui ou pour un non – généralement pour un non –, si flamboyante lorsqu'elle hurle pour rien et montre les dents pour à peu près n'importe quoi. Mais c'est une fille droite, on se doit de lui reconnaître cette qualité. Une fille qui a des valeurs, et qui préfèrerait mourir plutôt que d'en enfreindre une seule. Et, même si elle l'ignore, là est son talon d'Achille. C'est ça, son défaut mortel : son sens de l'honneur, ses valeurs. Elle se refuse au moindre coup bas, elle ne songerait même pas à tricher, même s'il faut sauver sa vie. Elle ne fuit jamais le combat, même si la défaite est inévitable. Elle mourrait pour son honneur. Pour demeurer digne de Rome, de Mars, de Clarissa. Clarissa, sa mère, qui a si bravement combattu dans l'armée australienne. Clarissa, morte pour permettre à ses amis de fuir, sauver leurs vies, au péril de la sienne. Parfois, c'est dur d'avoir une héroïne pour génitrice quand on n'a même plus de mère. Parce que ce ne sont pas les longs discours élogieux sur la bravoure et la bonté du Lieutenant Wyot-Earnshaw qui la réconfortaient, le soir, lorsqu'elle succombait au chagrin d'avoir perdu sa mère. Ce n'est pas l'admiration qui se peint sur le visage des hommes qui panse ses blessures. Elle soupire et s'attire un regard, à la fois inquisiteur et réprobateur de Paco. Elle le regarde, droit dans les yeux, l'exhorte à parler d'un bref signe de tête mais il se détourne et recentre son attention sur la petite ruelle dans laquelle ils viennent d'entrer.

C'est Carter, un grand gaillard, fils de Vulcain, qui se tient en tête. Il leur indique la porte qui tient à peine dans l'encadrement d'un bref geste de la main. Il hoche la tête de haut en bas, comptant mentalement dans sa tête. Un, deux, trois. Ils se regardent, tous les quatre, dégainent leurs armes, prêts à les abattre sur l'ennemi. Ils ont été choisis pour ramener les déserteurs ou, dans le cas contraire, à punir cette fuite. Ils ont été choisis par Rome, pour Rome. Parce qu'ils sont guerriers avant d'être amis, honneur plutôt que clémence. Il n'y pas de clémence, au Camp. Dix ans de service obligatoire, sans fuite ni compromis de permis. Quatre, cinq, six. Ils savent très bien, tous les quatre, qu'ils n'hésiteront pas. S'il faut blesser, eh bien, soit. Qu'importe, au fond, que ce ne soit que trois gamins terrorisés qui n'ont pas voulu de cette existence. Il n'y a des choses qu'on ne veut pas mais que le destin nous impose quand même. Ils sont stoïciens dans l'âme. Supporter avec impassibilité. Être imperméable aux maux qui ravagent le monde, leur monde. Sept, huit, neuf. Elle lève finalement les yeux au ciel. Il est gris et nuageux, pas orageux. Le temps déprimant, un peu rageant. Persée n'aime pas ce temps ; elle préfère les après-midi ensoleillés passés sur le bord de plage ; elle préfère les orages et la pluie torrentielle qui vient la tremper jusqu'aux os. Elle ne fait pas dans la demi-mesure, ignore les nuances, exècre les entre deux. Tout est blanc, ou tout est noir. Et, curieusement, cet agacement se mue en mauvais pressentiment. Dix. Elle lève le bras, quelques mots sur le bord des lèvres, voulant intimer Carter de ne pas ouvrir la porte. Trop tard.

Derrière la porte bancale, ce ne sont pas trois gosses frigorifiés et tremblants de terreur. Non, c'est une femme, sublime. Les cheveux ébènes, aux légers reflets auburns, longs, brillants, irrésistibles. Deux grands yeux charbonneux qui lui mangent un visage aux traits nets mais délicats. Une bouche pulpeuse, presque rouge, qui s'incurve dans un sourire éblouissant de charme et de séduction. C'est une superbe jeune femme mais, quelque chose dérange, dans sa beauté. Un charme malsain, un regard à la lueur meurtrière, un sourire presque diabolique. Pourtant, Paco et Carter laissent aussitôt leurs armes retomber le long de leurs corps, subjugués par la divine créature qui s'approche de son pas félin et conquérant. Persée jette une œillade en coin à Silver, une fille d'Aquilon. Les deux jeunes femmes s'échangent un regard sceptique lorsqu'un mouvement furtif vers la gauche attire leur attention. L'inconnue s'est littéralement jetée sur Paco qui, comme hypnotisé, n'a même pas la décence d'esprit de pousser un cri lorsqu'elle s'approche bien trop près de son cou. L'australienne fait un signe de tête à sa coéquipière avant de lui indiquer Carter, resté à l'écart, les yeux rivés sur leur camarade et la femme dont il s'est plus ou moins épris. Comprenant ce que la fille de Mars lui avance, Silver se saisit du bras de Carter avant de le tirer en arrière, en direction de la sortie de la ruelle. Le plan. Il faut suivre le plan, pensent les deux sang-mêlées alors que l'une s’apprête à tomber dans la lumière de Seattle tandis que l'autre, d'un calme surprenant, dégaine finalement de nouveau son pilum. « Paco. », appelle-t-elle mais le jeune homme demeure les yeux profondément ancrés dans ceux de sa vis-à-vis, la bouche à peine entrouverte, buvant les murmures qu'elle lui souffle tout près de son visage ; certainement des promesses d'un avenir commun, d'amour éternel, de coup de foudre tout aussi chimérique. Elle réitère : « Paco, t'as cinq secondes pour te bouger le cul ou je t'embroche avec elle. » Aucun des deux ne cille, comme si la brune n'existait pas, blottis dans des sphères trop hautes pour entendre le moindre écho de ses menaces.

Alors, Persée brandit sa lance et parvient à transpercer rapidement l'estomac de la demoiselle sans toucher son camarade, libérant par la même occasion Paco qui, l'air hébété et le regard éperdu, cherche une quelconque réponse dans ses yeux mais elle l'intime de sa voix grave de sortir d'ici. Dégainant d'abord son glaive, prêt à en démordre, il écarquille finalement les yeux et, lorsque Persée en fait de même, elle découvre avec horreur un corps bien atypique. Une peau d'une pâleur mortifère, si blanche qu'elle en paraît presque translucide épousant d'un peu trop près le squelette rachitique de la silhouette maigre à l'extrême. Les yeux noirs ont pris l'inquiétant éclat du sang qui s'écoule d'une plaie profonde, virulent, jusqu'à fleurir tout autour du cadavre. Dans ses yeux, il n'y a que mort et colère. Surtout de la colère ; et Persée ne sait pas vraiment contre qui elle est tournée. Contre Paco, pauvre homme qui a survécu à ses charmes rendus transcendants par la Brume. Contre elle, qui a mis fin à cette immonde mascarade. Mais, le pire, ce sont ses jambes. Elles n'ont rien d'humaines, terribles, horribles alors que son buste a une apparence qu'on peut qualifier d'humanoïde, le monstre possède une patte d'âne et une d'airain. « Empousa. », souffle le garçon, comme dévasté par la nouvelle. Comme dans un état second. Persée tente de rester stoïque mais se rappelle, un peu trop vivement, qu'elles servent les intérêts de Trivia. Inconsciemment, ses yeux se posent sur la marque, encore tatoué sur son aine bien que caché par le tissu de son pantalon. Elle se demande si elle peut la sentir, cette malédiction qui pèse sur ses épaules, si elle ressent ce sceau apposé par sa maîtresse. Elle se demande aussi – surtout – pourquoi elle ne l'a pas attaquée plus tôt alors que son odeur est si forte, si appétissante pour les monstres. C'est ainsi qu'il en va de ce sort jeté par la déesse de la magie : même dans un périmètre de dix kilomètres, entourée par une myriade de sang-mêlés, tous plus puissants les uns que les autres, elle demeure la cible de prédilection des créatures du Tartare. Trivia en a décidé ainsi ; la punissant de tuer l'un de ses fils, réclamant vengeance, la condamnant à attirer la mort autant qu'elle se doit de la semer pour sa propre survie. Pourtant, les quelques leçons prodiguées autant par sa mère, son parrain ou au Camp atteignent finalement son esprit déjà accaparé par le combat qui s'annonce. Les Empousas n'attaquent jamais les femmes, sauf lorsque celles-ci se mettent en travers de leur chemin. Ce que, justement, l'australienne vient de faire.

Soudain, le monstre bondit sur eux, presque collés l'un à l'autre, comme en attente d'une attaque. Paco tente de parer le coup, mais l'Empousa envoie aussitôt le gladium valser quelques mètres plus loin. Elle semble aussi l'avoir touché puisqu'il pousse un cri de douleur qu'il tente d'étouffer, pourtant. Mais rien n'y fait et lorsque l'écho de pas résonne derrière eux, elle sait que les deux autres sont revenus leur porter secours. Le monstre paraît tout à coup totalement accaparé par Carter tandis que la brume, traîtresse, leur fait miroiter par intermittence le visage séduisant de la brune qu'ils ont entrevu plus tôt. Mais Persée n'en démord pas, plante la pointe de son pilum entre deux côtes jusqu'à l'entendre rugir et elle ne saurait dire si c'est de douleur ou de colère. Elle montre les crocs, sort les griffes et les deux se retrouvent à s'observer, tels deux chiens de faïences, l'Empousa prête à lui sauter à la gorge et l'australienne, la lance levée vers elle, tout aussi prête à l'embrocher dessus si elle tente un seul pas en avant. C'est un duel entre leurs quatre yeux où brûlent détermination et désir de l'emporter. Désir de tuer l'adversaire. Désir d'assouvir sa toute puissance. Elle voit les narines frémir et ses yeux s'illuminer brièvement avant qu'un sourire, à la fois gourmand et diabolique, ne déforme la bouche si pâle de la créature. Elle sait. Sans aucun doute qu'elle a finalement senti l'odeur si particulière, ressenti la marque apposée sur sa peau. Persée s'octroie une seconde pour maudire un peu plus fort Trivia et, comme si elle pouvait lire dans ses pensées, l'Empousa lance aussitôt son premier assaut, comme enragée, outrée qu'on ait pu critiquer sa maîtresse. Les trois autres sang-mêlés sont aux aguets, Carter et Silver tentent de la prendre en tenaille tandis que Paco, se laissant adossé contre le mur une seconde, serre son épaule de toute ses forces pour ralentir l'hémorragie. Aussi pâle que le monstre, il tente néanmoins de rester fort et, entre ses doigts tremblants, serre étroitement la poignée de son glaive qu'il a récupéré entre temps. Mais, lorsqu'elle parvient à détourner les yeux une seconde de son propre combat, la brune remarque sa grimace de douleur, ses yeux qui ne demandent qu'à se fermer. Silver avait de l'ambroisie, à leur départ, mais elle croit qu'ils ont épuisé leur stock quand Carter était sur le point de succomber après avoir bien trop usé de ses pouvoirs. Paco a besoin de soins. Et lorsque ses yeux azurs survolent Silver, le visage crasseux, la lèvre et l'arcade sourcilière ouvertes, un doigt cassé et plusieurs bandages sur le corps ; ainsi que Carter, le grand gaillard qui peine à tenir sur son genou blessé, Persée songe qu'ils ont tous besoin de soins. Pourtant, inutile de détailler son propre corps pour savoir qu'elle se porte bien. Du moins, toujours mieux que ses coéquipiers. Elle n'a qu'à dénombrer une blessure superficielle à la cheville et quelques plaies peu profondes ci et là.

Sa voix résonne, se répercute dans la ruelle lorsque, accolant l'Empousa contre le mur grâce au manche du pilum, elle souffle : « Partez devant. » Tous se figent une seconde mais finissent par reprendre le combat, comme sourds à ses mots. Alors, le ton monte, le murmure devient rugissement, ses yeux ne sont plus qu'un inquiétant néant. « Allez-y ! » Ils tentent de protester mais lorsque le monstre parvient finalement à se dégager de son emprise, prête à foncer sur Paco, toujours appuyé contre la façade et que l'australienne lui assène un autre coup qui vient se loger entre ses omoplates et que, dans son regard s'illumine la promesse de leur réserver le même sort s'ils ne déguerpissent pas sur le champ, Silver s'empresse de faire passer le bras de Paco par-dessus son épaule tandis que boitant légèrement, Carter ferme la marche. Il n'y a plus de grades qui tiennent ; qu'importe qu'elle ne soit qu'une simple légionnaire lamba et que Carter et Silver soient centurions tandis que Paco est lui aussi plus gradé qu'elle. Qu'importe qu'ils aient plus d'années d'ancienneté au Camp. Là, à cet instant, il n'est question que de survie et d'un besoin viscéral de soins. Alors, ils disparaissent finalement au détour de la rue même si, silencieusement, ils lui ont promis de l'attendre au motel qu'ils ont investi à la sortie de Seattle. Son attention se tourne immédiatement de nouveau sur l'Empousa qui s'apprête, une fois encore, à lui arracher la tête d'un rapide coup de dents. Persée esquive, brandit, touche. Ne tue pas. Persée court, vole, évite, revient à la recharge. Touche encore. Le monstre griffe, mord, poignarde presque. Persée suffoque mais reste debout, la lance toujours en avant, prête à continuer ces assauts incessants. Elle sait que c'est l'odeur, la marque, qui rend le monstre si tenace, si envieux de la tuer de ses mains pour aller se targuer auprès de Trivia qu'elle a finalement accompli la vengeance de la déesse. Elle ne lui fera pas ce plaisir, hors de question. Et, en même temps que la pensée percute son esprit, c'est sa lance qui percute la chair de la créature. Un long cri, semblable à une plainte déchirante, s'élève et perce le silence d'un Seattle, calme et paisible.

Le combat reprend de plus belle. C'est comme si les forces du monstre s'étaient décuplées suite à la dernière attaque. Elle semble plus rapide, plus puissante. Semblable à un animal blessé qui, voyant la mort se profiler à l'horizon, se fait plus redoutable encore. Elle manque de la transpercer de ses griffes mais la sang-mêlée porte une main sèche sur la peau recouvrant l'une de ses côtes. Lorsqu'elle ôte sa main, celle-ci est teintée de rouge. Du même rouge qui brille dans les yeux du monstre. Persée montre les dents, fronce les sourcils, prête à lui asséner le coup fatal. Mais la douleur la cloue sur place. Elle sent quelque chose, enfoncé dans le creux de son dos. Devant elle, une deuxième Empousa vient de rejoindre la première. C'est peut-être perdu d'avance, mais elle n'en démord pas, tient le coup. Elle est fille de Mars, par les dieux ! Fille de Clarissa Wyot-Earnshaw, une héroïne ! Et, soudain, elle sait ce que sa mère a pu éprouver. Cette adrénaline indescriptible qui se diffuse douloureusement dans ses veines alors qu'elle sait les trois autres en sécurité tandis qu'elle se bat, qu'elle avance sur un fil, prête à basculer d'un instant à l'autre, basculer dans la mort. Elle n'arrive même plus à les discerner l'une de l'autre, trop vives, trop rapides dans leur colère vengeresse. Elle voit des points colorés danser devant ses yeux, sent sa fin approcher, les Enfer lui ouvrir leurs portes. Mais, tout à coup, un cri retentit derrière elle, encore un. Et elle prierait presque pour que ce ne soit pas une troisième servante de Trivia. Mais non, devant elle, cinq silhouettes élancées et furtives passent à toute allure, la contournent et achèvent les deux monstres. Elle se sent perdre pied, deux bras viennent la retenir par la taille. Et un visage, en tout point semblable à celui de sa mère, apparaît devant ses yeux. Elle a tout juste le temps de souffler : « Maman ? » avant de s'écrouler. Et soudain, le néant.

La lumière du jour, celle qui lui fait ouvrir les paupières, lui profite pour distinguer le décor de la pièce, flou certes, mais, en tout cas, elle est en vie. Pourtant, les yeux grands ouverts, il lui est impossible de bouger seulement le petit doigt ou de tourner simplement la tête. Enfin, plus exactement, si par malheur elle le faisait, une horrible douleur traversait ses membres dans une danse folle jusqu'à ce qu'elle s'apaise par elle-même, s'étouffant dans ses muscles, se noyant dans ses vaisseaux sanguins. Les draps ne sont plus aussi agréables que la veille, au soir, lorsqu'elle a ouvert les yeux et découvert qu'elle était couchée dans un endroit inconnu. Elle avait, bien sûr, tenté de se lever, en vain, et était restée clouée au lit par la douleur. Ainsi, les draps ont l'air rugueux à présents, et trop lourds pour son corps tout ankylosé. Et ce lit paraît dorénavant être son bûcher. Ses flammes l'enlaçant férocement, avec trop d'entrain. Elle entend, par intermittence, des bruits de pas, des échos de voix ou d'autres bruits un peu métalliques à l'oreille. Elle doit prendre sur elle pour sortir du lit, au risque de laisser le temps à ces inconnus de venir s'enquérir de son état et qu'elle se retrouve de nouveau en position de faiblesse. Lentement, elle fait glisser son pied droit hors du lit, avant de le poser sur le plancher en lino. Ses bras sont mous, ses nerfs flasques, son dos semble rouillé et elle l'entend presque grincer dans son mouvement. À cet instant, sa tête flanche, des tâches noires obscurcirent sa vision, une nausée l'assaille et elle tombe en avant... Du moins, elle en a l'impression. Car, lorsqu'elle essaye de se rattraper contre sa table de nuit, sa main fouette seulement l'air autour d'elle, de ce fait, elle se rend compte qu'elle est toujours assise. C'est une sensation étrange qui lui indique tout de même que les séquelles de son combat effréné n'ont pas terminé de la tourmenter.

Elle patiente quelques instants, assise sur le rebord du matelas, avant de se mettre debout. L'exercice s'avère être d'autant plus compliqué que le précédent. Elle s'aide du mur jusqu'à atteindre une porte, la pousse, non sans trébucher plusieurs fois en chemin à cause de ses jambes tremblantes et des épines qui semblent sortir du sol pour traverser la plante de ses pieds et s'incruster dans ses mollets. Elle les sent picorer petit à petit le tissu de sa peau. Son ventre se fait poignarder par un monstre invisible avec une lame si bien affutée qu'elle peut la transpercer sans laisser la moindre trace. Finalement, derrière la porte branlante, elle découvre une petite salle de bains. Son reflet apparaît dans le miroir, au-dessus du lavabo. Au milieu de la pièce, elle se tient à peu près droite, les épaules en avant, le cou enfoncé entre ses clavicules, les genoux légèrement pliés. Les cernes sous ses yeux témoignent d'un flagrant manque de sommeil, son visage est terne et fatigué mais son regard est déterminé à sortir, quitter ces lieux étrangers, retrouver les siens. Elle observe, à mi-chemin entre l'horreur et la lassitude un énorme hématome sur sa joue lui renvoyant un sentiment terrible, lui prouvant plutôt qu'elle a hurlé de douleur, martyrisée par son bourreau tout en sachant que jamais il ne porterait le coup fatal. Elle fait finalement demi-tour, la visite dans la salle de bains n'étant en rien fructueuse pour lui indiquer où elle peut bien se trouver. Elle ouvre finalement la seconde porte à sa gauche et se retrouve nez à nez face à un immense couloir désert. Elle pousse un léger soupir, tente de bouger imperceptiblement ses doigts et remarque, un brin satisfaite, que la douleur se fait moins intense au fil des minutes qui s'égrainent. Elle tourne rapidement la tête, oubliant le mal qu'elle peut ressentir à ce simple mouvement, d'abord à gauche puis à droite. À présent persuadée d'être seule, elle sort dans le couloir, avance silencieusement et doucement, tourne parfois son poignet, comme pour s'assurer que son bracelet est toujours là. Elle serre les dents sous l'effort et descend prudemment les escaliers devant elle.

Elle débarque donc finalement dans une large salle à l'allure un peu austère. Sur les côtés, quantité de cartons qui s'empilent les uns sur les autres, tous recouverts par un même symbole qu'elle est persuadée de connaître, sans parvenir néanmoins à remettre un nom là-dessus. À sa droite, une immense porte à double battants toute en verre de l'autre côté, elle aperçoit une espèce de vestibule, à peu près semblable au reste du bâtiment, avec un simple comptoir face à d'autres piles de cartons, encore et toujours les mêmes. En face de la porte, un trône, immense et imposant, tout en fer noir. Luisant de cet éclat presque funeste, il impose une puissance incontestable, et ce, même inoccupé. C'est un symbole de pouvoir, de toute puissance ; et Persée se sent inexorablement attirée par ce siège royal. Pourtant, la sortie est juste là, derrière cette porte. Une dizaine de pas la sépare de sa liberté. Mais le trône... S'assoir dessus est si tentant. Juste, un instant. Une seconde. Elle boite légèrement jusqu'au fond de la pièce et, lorsqu'elle s'apprête à finalement se laisser tomber, elle entend une porte claquer, des voix s'élever et trois femmes se postent en face d'elle, armées d'une lance ou d'une épée. La brune les observe, presque sceptique, mais tire finalement sur la chaînette en or autour de son poignet et, entre ses mains fébriles, apparaît Prudentia – appelé plus communément Prudence, une qualité dont elle est malheureusement totalement dépourvue –, son fidèle pilum. Elle se met en position, prête à en découdre. Les trois femmes s'observent, tout aussi prêtes à lui foncer dessus et l'assassiner pour avoir ne serait-ce que songer à s'assoir sur le trône. Mais la porte s'ouvre une seconde fois et, cette fois-ci, c'est une silhouette bien trop connue qui pénètre dans la salle du trône.

Un visage douloureusement familier. Elle lui rappelle sa mère, peu de temps avant sa mort. Elle semble jeune. Vingt-cinq ans, vingt-six tout au plus. La silhouette longiligne, le teint finement halé, le visage aux traits délicats et doux. Son visage... Le même que Clarissa, sauf la ligne de la mâchoire, un peu plus carrée, un peu comme celle d'Ignace. Elles ont les mêmes yeux aussi : bleu, bleu caraïbe, le bleu des mers entourant les paysages paradisiaques. Le bleu des vagues de Melbourne, un bel après-midi d'été. Ses cheveux sont auburns, presque aussi roux que ceux de sa mère, et tombent comme un rideau sombre aux éclats fauves et lisse dans son dos. Elle lui rappelle tant sa mère. Avec trop de vivacité. Trop de douleur engendrée dans un simple regard jeté à la dérobée. Et dans les yeux azurs, le même éclair de douleur, la même souffrance muette et colérique. Rien qu'en la voyant, les autres baissent leurs armes, à l'instar de l'australienne sans même s'en rendre compte. Cette inconnue exerce sur elle le même pouvoir que sa mère avant elle ; elle sait se faire respecter, lui faire suivre des directives en bon petit soldat qu'elle n'est pas, sans avoir le moindre mot à dire. D'un simple signe de main, elle intime les trois femmes à les laisser seule à seule, ce qu'elles font aussitôt. Elle s'approche d'un pas félin mais lent. D'un pas conquérant qui, curieusement, lui rappelle encore la démarche de Clarissa. Elle s'arrête une fois face à Persée, survole encore une fois son visage du regard et un doux sourire quoique triste ourle ses lèvres lorsqu'elle souffle, la voix un peu rauque : « Tu me rappelles quelqu'un que j'ai connu. » La fille de Mars a mal de penser qu'elle puisse rappeler sa mère, elle aussi – car, qui saurait-elle rappeler d'autre ? –. Être elle-même le vestige d'un passé qu'elle préfère oublier pour aller de l'avant. Mais alors, elle semble comprendre, écarquille brièvement les yeux avant de répondre, la voix enrouée : « Vous aussi : vous me rappelez ma mère. » La femme en face d'elle frémit et c'est comme si elle manquait de tomber, elle aussi. « Tu... tu es la fille de... Clary ? » Elle a mal, Persée. Mal d'entendre le surnom de sa mère prononcé si clairement alors qu'elle a toujours la gorge enrouée lorsqu'elle doit parler d'elle. Ce surnom que seul Ignace se permettait d'employer. Jusqu'à sa mort. De Clary, elle fut simplement nommée « ma sœur » ou « ta mère », lorsqu'il venait à s'adresser à elle. Et elle a envie de le dire, à cette inconnue, qu'elle n'a pas le droit de parler de sa mère. Personne n'en a le droit. C'est trop douloureux pour elle. Elle est indigne, sans doute, de ne serait-ce que prononcer son nom. Pourtant, elle ravale tous ces cris emportés à propos de l'héroïsme de sa génitrice, de l'interdiction de souiller sa mémoire en proférant son nom de leurs lèvres indignes. « Vous la connaissiez ? » Son interlocutrice ne bute pas sur le temps employé. Le passé, toujours le passé lorsqu'il faut parler de Clarissa, ses sourires, ses yeux doux, ses baisers déposés au sommet de son crâne. Non, la femme semble juste surprise par le ton interrogateur, comme si c'était une évidence qu'elle la connaisse. Comme si Persée venait de proférer un blasphème en remettant en doute sa relation avec Clarissa. « Je suis Astrid, sa sœur. » Et Persée tombe des nues. Sa mère avait une sœur ? Pourquoi ne lui en avait-on jamais parlé ? Après mûre réflexion, ni sa mère ni Ignace ne lui ont jamais parlé de leur famille. De ses grands-parents, elle n'en savait que trop rien, même si elle se souvient vaguement du visage de son grand-père, Lawliet Earnshaw, un fils de Vulcain, un homme qu'elle a vaguement connu avant qu'il ne succombe à elle ne sait plus quelle attaque de monstres. Mais sa grand-mère a toujours été un sujet tabou absolu. Elle n'en avait pas, d'après eux. Elle avait juste un grand-père, décédé trop tôt pour qu'elle s'en souvienne réellement ; elle avait juste une mère morte bien trop rapidement pour qu'elle puisse s'épanouir correctement ; un parrain envoyé en prison parce qu'il était trop protecteur avec elle ; une tante dont elle ignorait tout, jusqu'à l'identité.

« Vous mentez. », souffle-t-elle, douloureusement mais Astrid, impassible, tente un pas vers elle. Elle se dérobe aussitôt sous le regard blessé et inquiet de sa tante – elle ne peut se résoudre à la dénommer ainsi : sa famille s'est toujours résumée à Ignace depuis ses huit ans –. « Qui êtes-vous ? », intime-t-elle, menaçante tout en brandissant la pointe de son pilum qui vient se jucher dans le cou de sa vis-à-vis. « Astrid Wyot, fille de Scarlett Wyot, précédente bras droit – à laquelle j'ai succédé – de la reine Cersei. Guerrière amazone. », décline-t-elle sérieuse et imperturbable, et Persée n'en est que plus choquée. Reine ? Amazone ? Sa tante et sa grand-mère sont des amazones, sérieusement ? Astrid la regarde, un brin amusée, un tantinet fière et semblant attendre qu'elle en fasse de même. L'australienne se tient bien droite, constatant un peu tardivement qu'elle ne ressent plus la moindre douleur dans ses muscles. « Persée Wyot-Earnshaw, fille de Clarissa Wyot-Earnshaw, ancienne Lieutenant dans l'armée australienne. Légionnaire dans la première Cohorte du Camp Jupiter et fille de Mars. », répond-elle finalement avec aplomb. La surprise qui illumine le regard d'Astrid lui arrache un sourire amusé. Et elle jure lire l'étonnement dans ses prunelles, ces questions qui l'assaillent, la tourmentent alors. Fille de Mars ?, se demande-t-elle. Une sang-mêlée ? Une demi-déesse dans sa famille ? Pourtant, aucune Wyot n'a jamais attiré l'attention des dieux depuis leur ancêtre, Otrera, première reine des amazones et elle-même fille de Mars. Elle savait au fond, depuis toujours, que Clarissa était spéciale, qu'elle avait un grand avenir tout tracé mais, s'unir au dieu de la guerre, engendrer une gamine telle que Persée ? Elle n'y aurait jamais pensé. Elle ne peut s'empêche de songer que sa nièce, cette fille qui lui rappelle tant sa sœur et qui, pourtant, est tellement différente de Clarissa, est destinée à ramener les amazones à leur âge d'or. L'époque où Otrera gouvernait. Et, un instant, elle se surprend à jalouser – encore – son ainée, comme durant leur enfance. Cette période où Clary était toujours la numéro un. Toujours meilleure qu'elle dans chaque domaine. Meilleure combattante, plus jolie, plus loyale, plus intelligente, préférée de leur mère, préférée de leur frère, préférée de leur reine. Préférée des dieux ; de Mars, père des amazones, amant de la guerre.

Ce n'est que lorsqu'on ouvre de nouveau la porte que Persée se rend compte qu'elle n'a toujours pas abaissé son arme. Des guerrières amazones – si elle comprend bien la situation – l'encerclent alors, l’œil menaçant, comme l'intimant à libérer leur camarade sous peine de devoir se battre contre chacune d'entre elles. Un murmure s'élève dans le groupe, si serré qu'il est impossible de déterminer combien elles sont exactement. Puis elles s'écartent, s'éparpillent presque et laissent passer une femme d'une quarantaine d'années, peut-être plus, qui, de son pas altier, s'approche jusqu'à elle. Elle lui sourit doucement, de ces sourires qu'ont les mères pour leurs enfants mais, dans ce même sourire se cache quelque chose de menaçant, dans ses yeux sombres brillent une lueur sévère, un message subliminal qu'elle est la seule à la comprendre. Plie-toi aux règles. Elle n'aime pas ça ; se sentir abaissée au rang de sous-fifre, devoir obéir et courber l'échine. Ce n'est pas elle. Pourtant, face à cette femme – qu'elle identifie comme étant la reine Cersei –, elle est tout simplement incapable d'esquisser le moindre geste, de contester, répliquer, attaquer. Elle est, à l'instar du trône sur lequel elle est à présent juchée, auréolée d'une puissance qui force le respect. « À genoux. », souffle-t-elle de sa voix basse et toutes les amazones écoutent, se plient à son moindre désir mais, à sa plus grande surprise, elle en fait de même, jusqu'à se retrouver aux pieds de la reine, sur l'estrade surplombant le reste de la pièce. Elle sent une main caresser ses cheveux, presque maternelle mais se souvient du regard, du sourire, trop sévères et exigeants pour une simple mère aimante. « Bienvenue chez les Amazones, Persée Wyot-Earnshaw. »

La colère transpire dans ses poings. La colère est telle qu'elle dévore tout sur son passage. Brutale, unique, fougueuse, elle s'envole, oiseau de flamme qui enflamme ses sens. Elle est oiseau de feu, de flamme. Princesse ? Non, elle est un guerrier. Un enfant de Rome. Elle est le feu, la flamme dansant au milieu de la bataille. Elle se sent indestructible, telle une déesse. Elle est la déesse, semant la mort. Muse sombre, muse apocalyptique, elle offre la vie à ses compagnes, elle donne la mort à ses ennemis. Et le feu la suit, se mêlant au sien, créant une implosion. Elle est la mort, profonde, agitée, gourmande, désordonnée. Elle prend mais ne donne rien. Elle ne laisse pas le choix. Elle n'en avait jamais laissé. Elle est reine. Oui, elle l'est, l'a toujours été. Elle est née pour ces champs de bataille, pour le goût du sang dans sa bouche. Elle est une fille de Mars. Elle est celle qui jamais ne pardonne. Elle est celle qui n'a pas peur, qui ne doit pas trembler. Faite pour mener des guerriers au combats, faite pour gagner, faite pour protéger. Enfin, elle comprend. Elle comprend après dix-huit années de vie d'insignifiance. Elle comprend tout. Tout ce que son parrain, le Camp, sa mère ont bien pu lui enseigner. Tout ce qui n'avait ni queue ni tête quand elle était enfant. Elle prend conscience qu'elle a attendu ce jour toute sa vie. Cet unique jour depuis sa naissance. Seulement, ce jour-là. Ce jour où le sang coule sur le trône, où les yeux fiers d'une mère de substitution se ferment, où un nouvel ordre s'installe. Ce jour où les flammes s'écartent devant le trône et que la voix féminine lui parvient. « Il est à à toi. Il sera toujours à toi. » C'est une voix profonde, douce, qui lui rappelle tant de choses. Alors elle prend et elle combat. Elle venge surtout. Amèrement, comme une enfant qui a – encore – perdu sa mère, qui sait. Elle sait. Quoi ? Tout. Absolument tout. Et quand tout s'apaise, que les volutes de fumée montent dans le ciel, que le temps se suspend tandis que son regard se pose sur l'oiseau qui prend son envol, elle abaisse son pilum. Doucement. Elle est étrangement heureuse et triste ce jour-là. Les deux sentiments se mêlent dans son ventre, venant doucement s'insinuer. Une voix lointaine et féminine monte dans son esprit. Le goût d'amertume également, le goût de perte, le goût d'une enfant qui vient de perdre sa mère. Elle n'entend pas la foule s'agglutiner, murmure. Elle respire. Lentement. Elle comprend. Elle comprend l'air qui vient s'engouffrer dans ses poumons encore chargés des cendres, de la mort et du feu. Elle comprend le vol de cet oiseau qui retrouve le calme. Elle comprend les hommes qui un jour doivent compter les pertes. Elle comprend la vie, elle comprend le poids de la lame. Elle ferme les yeux, savourant la peine, le silence après la tempête, la fumée. Une larme. Ses genoux tremblent. Son cœur craque dans un boum brutal, venant se noyer dans la peine, venant se perdre dans un froissement brutal, venant se suicider contre les parois de son corps. Elle revoit son sourire, son rire, ses mains, un peu rêches d'avoir trop manipulé l'acier de son épée, lui caresser ses cheveux, sa chaleur. Elle revoit Cersei, sa reine, sa seconde mère. Tous les souvenirs viennent la submerger, vague brutal qui la fracasse contre son amour en miettes, comprenant le sens du mot « absence ». Ce sera son absence. Et, les souvenirs de Cersei se mêlent à ceux de Clarissa ; jusqu'à ce qu'elle soit incapable de faire la moindre distinction entre les deux femmes, les deux mères ; les deux reines, au fond.

Elle a froid. Elle a voulu marcher, mais elle est tombée. Profondément blessée. Blessée d'amour pour deux mères qu'elle n'a que trop peu connu. Et elle sait d'avance qu'elle va les perdre dans sa mémoire. Elle sait amèrement qu'elles ne lui reviendront pas. Elle se recroqueville au sein même de la terre, venant chercher de la chaleur sur le trône. Le trône qu'elle a tant admiré, autrefois. Ce trône d'acier, si froid, glacé, qu'elle n'imaginait pas un instant pouvoir réchauffer son palpitant gelé par la douleur. Ce trône, si grand, qui lui rappelle tant qu'elle n'est qu'une enfant. Elle vient se blottir, farouchement, enfonçant ses ongles dans les accoudoirs. S'accrocher. Tant bien que mal pour ne pas s'effondrer, pour rester debout. En vain. Elle est déjà six pieds sous terre. Alors, elle a envie de hurler. Et, au fond, elle hurle à la mort mais personne ne l'entend. Elle hurle à s'en déchirer les cordes vocales, à s'en mordre violemment sa peau, à en sentir ses tripes vomir, ses poumons brûler. Elle hurle aussi fort que possible. Elle hurle comme autant d'enfants hurleraient pour la mort d'une mère, d'une reine. Mais ce cri atroce meurt sur ses lèvres. Ce cri abominable ne se répercute que dans sa tête, dans son corps entier, la ravage un peu plus. Et elle hurle parce qu'elle veut que tout le monde sache. La reine est morte. Une autre vient de naître.

Elle est reine.

Et les amazones s'élèvent, murmurent comme un même homme : « La reine est morte. Vive la reine. » Vive la reine, quelle douce ironie.

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Dernière édition par Persée B. Wyot-Earnshaw le Lun 6 Mai - 17:04, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: (LORCAN) ›› UNBOWED, UNBENT, UNBROKEN.   (LORCAN) ›› UNBOWED, UNBENT, UNBROKEN. EmptyLun 6 Mai - 16:56



chapitre six
now you're just somebody that i used to know


Le gardien revient finalement et hoche la tête avant de pousser la porte avec nonchalance. Il s'efface pour la laisser entrer, lance par dessus son épaule qu'elle ne dispose que de cinq minutes avant de laisser couler un long regard vers elle alors que Persée, la tête haute et un horrible air hautain affiché sur son visage d'opale, ne lui accorde qu'une brève œillade indignée à l'idée qu'il puisse la regarder ainsi. Elle entre finalement. Austère, la pièce demeure assez étriquée et ne dispose que d'une table et deux chaises en fer, pour seul mobilier. Sur l'une d'entre elles, Ignace Earnshaw l'attend, le regard dans le vague. Elle tire doucement la chaise et s'assoit. Il croise automatiquement les bras sur son torse et commence à se balancer, attendant qu'elle finisse par enfin s'expliquer. Pourtant, elle ne dit rien. Mais ils savent tous les deux qu'il veut connaître la vérité, le pourquoi. Pourquoi n'est-elle pas venue le voir depuis près d'un an ? Cette interrogation l'a tant tourmenté, cloîtré dans sa cellule comme il l'était, espérant à chaque fois qu'un gardien apparaitrait de l'autre côté des barreaux qu'il vienne lui dire qu'il avait de la visite. Mais Persée n'est jamais venue. Elle est là, juste en face de lui, et lui rappelle si vivement Clarissa qu'il lui est difficile de ne pas les inverser, dans un instant d'égarement. Pourtant, elle a tellement changé. Dans ses yeux brillent un autre feu, moins libre, moins brûlant, plus virulent et déterminé. Elle semble avoir mûri, et elle n'a rien d'une simple gamine de dix-neuf ans. Elle fait dix ans de plus, même, avec son visage fermé à la moindre expression, ses yeux azurs où s'entremêlent colère et inquiétude. Il l'intime à parler, d'un simple signe de tête, mais elle n'en fait rien. « Eh bien, je suis heureux de te revoir, enfin, Percy. » Elle ne cille même pas sous l'emploi de ce surnom qu'il est le seul à connaître, qu'elle exècre tant. Elle n'aime pas les sobriquets ; elle leur préfère largement son prénom dans sa totalité. Persée, tendre inclinaison d'une mère qui voulait un prénom unique pour sa fille, tendre illusion d'un bonheur parental. À cette époque, elle ne pensait aucunement que sa tendre fillette aux boucles brunes porterait davantage en étendard le nom de Bellatrix, ces lettres, acides, ce nom aussi rude qu'ancestral, prenant ses racines jusque dans la Rome antique. Et la signification de ce nom, agressif, se ressent partout dans son attitude. Et pire encore quand la rage de vaincre altère sa voix rauque, lorsque les accents du nom glissent sur la langue, arrachant le fantastique des mythes, meurtrissant dans un frisson la peau quand on souffle : Bellatrix. La guerrière. Et pourtant, le nom qu'on lui attribue au quotidien lui tient tout autant à cœur, malgré la signification peu glorieuse, littéralement « le Destructeur ». Et pourtant, à l'oreille, Persée n'inspire que douceur et tendresse. Persée, aussi, comme le héros antique, l'un des rares ayant connu une fin heureuse. Alors, parfois, elle se demande si sa mère n'y avait pas cherché une quelconque symbolique dans ces sonorités si poétiques. Clarissa, sa mère. Et, immanquablement, comme depuis l'annonce de sa mort, elle pense aussi à Cersei. Cette femme qui l'a prise sous son aile, a fait d'elle son héritière, car elle a compris, certes un peu tard, qu'elle n'accueillait pas une fille, mais cherchait à former une nouvelle reine, scandant silencieusement que la fille de Mars était destinée à monter sur le trône. Comme sa mère aurait pu le faire. Comme son autre mère l'a fait. Clarissa était destinée à devenir reine. « Les amazones m'ont nommée reine. », souffle-t-elle finalement et Ignace laisse brutalement sa chaise retomber sur ses quatre pieds. Il regarde sa filleule, incertain et, bien malgré lui, se souvient.

Il était là, stoïque, et regardait Clary, sa tendre Clary, hésitante, se triturant nerveusement les doigts dans un geste qui ne lui ressemblait pas. Quelques mètres derrière, il sentait le regard pesant de Stannis – son meilleur ami depuis son arrivée à la Maison du Loup – et, lorsqu'il se retourna, le fils de Bellone tenta un sourire assez expressif tout en laissant couler un regard concupiscent vers Clarissa. Habituellement surprotecteur à l'égard de sa sœur, il se contenta de sourire, retrouvant sa superbe. Il entendit finalement Stannis tourner les talons et jura l'entendre siffloter, et le connaissant sans doute était-il en train de s'imaginer vivre une idylle passionnée avec la cadette Wyot-Earnshaw – dans ses rêves – ; alors, il recentra toute son attention sur Clary, un peu blême, un peu inquiète. « Si tu es là pour me demander de revenir, ce n'est vraiment pas la peine, Clary. » Elle secoua vivement la tête, entrouvrit les lèvres et un murmure s'en échappa mais la distance en eut raison et Ignace n'entendit strictement rien. Le petit Tibre les séparait l'un de l'autre ; elle se refusait à le traverser, parce que sa place n'était pas au Camp, mais au milieu des amazones, à courber l'échine devant cette mégère de Cersei et leur abominable bonne mère. C'était sa faute, si leur père était parti. Si elle n'avait pas eu d'aventures avec quelques hommes de passage et n'était pas tombée enceinte de l'un d'entre eux, leur père serait encore là. Et c'était dur, dans ces moments-là, de ne pas en tenir aussi un peu rigueur à Astrid, fruit de cet adultère qui leur avait coûté leur petite vie familiale idyllique, qui lui avait arraché son père, le seul soutient solide dans ce monde de femmes où il ne pouvait pas même ouvrir la bouche sans être regardé de travers. Parce qu'il était homme et que cette seule constatation était l'ultime motif à sa condamnation. Il en était alors venu à sincèrement détester ce monde dans lequel il était né, cet univers où il était réduit à une condition bien trop similaire à celle d'esclaves, où les seules attentes à son égard auraient été de faire perdurer les amazones. Et puis, il détestait sa mère, aussi, pour ne pas avoir endossé le rôle qu'elle se devait de tenir ; pour ne pas l'avoir protéger de ces regards mauvais, ces paroles acides, cette maltraitance psychologique. Il en détestait même Astrid, cette gamine qui n'avait jamais su être à la hauteur des espérances de leur mère, leur reine, mais qui avait préféré le renier, qui s'amusait à le rabaisser constamment, dans le fol espoir de s'attirer les faveurs des amazones, à défaut d'un exploit héroïque, d'une performance au combat. Au fond, la seule chose qui l'avait retenu jusqu'à ses onze ans, c'était Clarissa. Clary et son doux sourire, Clary et ses yeux trop bleus pour être réels, Clary qui demeurait une guerrière née en dépit de son tempérament pourtant calme et serein, mais se refusait à suivre les idéaux des amazones et à dénigrer les hommes comme elles le faisaient. Elle le voyait tel quel, comme son égal, son frère ainé, celui qui jure de la protéger de tout. Et pourtant, le visage de sa sœur, désemparé et une larme qui traça finalement son sillon le ramenèrent à la triste réalité où il n'avait pas assuré. Pire, il avait échoué dans son rôle de bouclier. Clarissa avait mal. Il ne savait pas pourquoi, ni à cause de qui. Mais elle avait mal et rien que cette idée lui était intolérable.

« La reine est malade. » Sa voix était rauque, un peu brisée. Il avait envie de lui cracher qu'il s'en foutait ; qu'elle pouvait bien crever, cette reine injuste envers lui et que ça ne lui ferait ni chaud ni froid. Mais il se retint, parce que sa sœur l'aime, sa reine. « Elle veut que je lui succède. » Elle lui aurait enfoncé son poing dans l'estomac que ça n'aurait pas été différent ; la nouvelle, brutale et violente, lui coupe le souffle. Clary, sa Clary, reine ? Certes, il s'en était toujours un peu douté. Elle était façonnée pour le combat, née pour être la fierté de leur lignée, destinée à restituer la couronne sur leur famille aujourd'hui déshéritée de ces responsabilités, depuis des siècles. Mais il ne pouvait la concevoir reine. Ça aurait signifié qu'elle doive demeure à Seattle, commander aux amazones, les pousser à suivre les traditions. Il ne voulait pas. « Non. », la supplia-t-il et, en croisant son regard blessé, il maudit aussitôt son impulsivité, son cœur de feu – stupide ascendance de Vulcain – ; il voulut faire un pas, sentit l'eau du petit Tibre s'infiltrer dans ses chaussures mais, aussitôt, Clarissa se redressa et secoua vivement la tête de gauche à droite. « Je ne peux pas lui succéder. Je dois fuir. » Son cœur cessa de tambouriner, ralentit tant qu'il ne sut même plus s'il battait encore. Il ne s'entendit même pas lui demander pourquoi mais quand il la vit lever le regard vers le sien, il se tut, tout bouleversé qu'il était par la panique qui se lisait sur ses traits. « Je suis enceinte, Ignace. » Il jura manquer d'air, être sur le point de s'effondrer, comme si ses jambes ne pouvaient plus le soutenir. Enceinte ? Mais... elle n'avait que seize ans. Elle était trop jeune, bien trop jeune. « C'est un garçon et je ne veux pas d'une vie comme ça pour lui. » Qu'elle cesse de parler ; il n'avait même pas le temps de se remettre du choc qu'elle en rajoutait. Mais il la connaissait, il savait qu'à force de prendre sur elle, Clarissa devait finir par exploser, un jour ou l'autre. Et tout lui avouer. Dans les moindres détails. Si seulement il avait su que le plus important restait à venir. Il se serait immédiatement assis. « Je crois que... Mars est le père. » Il aurait vraiment du s'assoir, songea-t-il alors qu'il en tombait littéralement des nues.

« Alors, tu sais. », soupire-t-il et elle se contente de simplement hocher la tête en guise de réponse. Et, après réflexion, il se dit qu'elle a vraiment tout d'une reine. Le port altier, le regard hautain, l'aura de puissance qui l'entoure – à moins que ce ne soit son statut de fille de Mars –. Pourtant, dans les yeux d'azur brillent une interrogation. Cette partie de l'histoire qui est restée obscure, malgré les aveux d'Astrid, les confessions de Cersei, les témoignages des amazones qui ont connu Clarissa comme Ignace ou Scarlett. « Ta mère aurait du devenir reine. », entame-t-il doucement. « Je sais. » Sa voix est impassible, presque froide, un peu trop mâture pour qu'il la reconnaisse. Mais, quelque part, il reconnaît l'intonation qui suggère une question muette. Ce qu'elle ne sait pas, c'est pourquoi. Pourquoi avoir renoncé au trône, aux amazones ? « Pour toi. », répond-il finalement, comme s'il lisait dans ses pensées et c'est dur pour Persée de ne pas sursauter sous le coup de la surprise. « Elle croyait attendre un garçon. Elle ne voulait pas que tu vives ce que j'ai vécu. » Aussitôt, il intercepte une lueur dans les iris céladons. Un éclat plus tendre, aimant, nostalgique surtout. Sa mère – sa vraie mère, celle qui lui a donné le jour, avec qui elle partageait toutes ses soirées sur le sable de Melbourne – lui manque. Atrocement. Terriblement. Puis, un léger sourire naît sur ses lèvres, un sourire aux allures un peu rêveuses. Un garçon. Sa mère l'aimait déjà si fort qu'elle était prête à renoncer à toute sa vie, juste pour son bonheur à elle. Et puis, Ignace s'apprête à tout lui raconter mais elle entend déjà le garde devant la porte s'impatienter, prêt à l'ouvrir à la volée pour la faire sortir de là. « Mars m'a parlée. », le coupe-t-elle et aussitôt il se tait. Alors, elle lui explique son rêve, cette voix, insistante, aux accents un peu rudes, un peu colériques. Cette voix qu'elle aurait reconnu entre mille, parce que c'est celle de son père et que ce jour-là, au cimetière, alors qu'elle venait de perdre sa mère, il était arrivé et lui avait laissé un souvenir cuisant. Silencieusement, il l'avait intimée à devenir plus forte et elle n'a eu de cesse, depuis, de toujours s'endurcir pour être toujours plus digne de lui, pour le rendre fier d'elle. Ignace semble attendre qu'elle continue, s'explique. « Il veut que je retourne au Camp ; je n'y suis plus retournée depuis l'année dernière. Il m'a dit que des graecus arrivaient. » Il écarquille les yeux. Des étrangers, à Rome ? À l'air concerné de Persée, il sait d'ores et déjà qu'elle s'apprête à obéir au désir de son père. C'est bien le seul qu'elle consent à écouter, sans rechigner, sans remettre une quelconque autorité en doute. Mais, d'un autre côté, il y a les amazones. Elle doit bien y tenir, c'est l'ultime souvenir qu'elle peut conserver de sa mère. C'est le passé de Clarissa, son enfance, sa destinée avortée. Une destinée qu'elle se doit d'accomplir pour elle. Au même titre que Clarissa y a renoncé pour elle. Elle se lève finalement, prête à prendre congé mais ne peut s'empêcher de l'informer : « Astrid se chargera de tout en mon absence. » Mais, si le but est de le rassurer, sa réplique est loin de l'effet escompté. Il a beau chérir parfois le souvenir de la benjamine de leur fratrie, Ignace sait tout aussi bien qu'elle n'est pas faite pour être reine, pas plus qu'elle n'est faite pour être une amazone. Pas comme Clary. Pas comme Persée. Mais elle l'interrompt dans ses pensées lorsqu'elle se penche par-dessus la table et souffle : « On se revoit dans un an, à la Nouvelle Rome. » Il esquisse un sourire un brin complice. « Pour bonne conduite. » Et Persée, royale – pourra-t-il désormais la qualifier autrement ? – s'efface derrière la porte alors que le gardien s'apprêtait à venir mettre fin à leur conversation. Il s'attarde un peu trop sur sa silhouette et Ignace lui lance un regard meurtrier et, même s'il n'en est pas vraiment un, il songe que c'est pratique qu'on en soit persuadé. Au moins, il peut protéger sa filleule. Même si elle ne semble plus en avoir aucunement besoin.


chapitre sept
Hear my heart burst again


Elle goûte à la terre, comme si elle était terre, joue avec le vent telle une enfant qui joue avec un papillon qui s'envole à tire d'aile. Elle a la sensation de s'envoler, se défaisant de toute la douleur, la peine physique, ignorant l'abandon qu'elle vient de commettre, niant son cœur un peu cabossé, sa raison un brin vacillante. Elle a la stupide impression de renaître. Elle a la terrible impression d'être plus en vie dans la mort que jamais elle ne l'a été durant ses dix-neuf années de vie. La mort. Ils l'ont trop vite enterrée, ces idiots. Comme si elle avait pu périr sous les coups d'une Empousa. Aujourd'hui, après un an d'entraînement intensif sous le joug des amazones, elle en fait son quatre heures, des Empousas. Mais elle n'a pas donné de nouvelles, leur a laissé miroiter la réalité où elle était en train de s'agiter dans les Enfers – ou plutôt : une réincarnation pour tenter ensuite l'Île des Bienheureux – et, au fond, ça l'amuse un peu, ces quelques regards surpris, voire éberlués qui se posent sur elle tandis qu'elle traverse la Via Praetoria, la tête haute, la démarche sûre, le pas conquérant. Elle vient en conquérante. Elle est partie légionnaire et revient reine ; plus forte que jamais. Elle observe le Camp dans un moment de nostalgie. L'herbe, verte, vive, doucereuse qui renaîtra après chaque guerre qui les déchirera. Le temps d'absorber les morts, et elle fera de la place aux prochains héros. Elle les accueillera, soumise aux hommes, soumise aux batailles. Depuis toujours, elle voit des hommes tomber et naître. Et ce terrible cercle vicieux ne prendra jamais fin. Alors, elle se contente de prendre ce qu'on lui donne. Et Persée, elle dit simplement adieu. Elle est là, de retour – enfin – mais son esprit vagabonde ailleurs ; son esprit est accaparé par sa tante, les amazones, ses guerrières. Elle est attirée autre part, à Seattle, ou peut-être à Melbourne. Elle n'en sait trop rien. Elle sait juste qu'elle voit tout le décor s'éloigner, qu'elle se voit tout abandonner. Et qu'elle aurait tout abandonner, définitivement, si la volonté de son père aurait été autre. Mais elle est là. Parce que le Camp a besoin de tous les enfants de Rome, de chaque épée, chaque cœur loyal, chaque cri scandant l'honneur de Rome avant de défendre au péril de leurs vies.

La main de Penelope se pose sur son épaule et la ramène à la réalité, à la Douzième Légion. Persée tente un sourire à son encontre parce qu'elle est sa seule alliée à ce jour. Née au milieu des amazones, elle est la seule à savoir. Connaître sa destinée. Petite-fille de Vénus, elle est aussi la seule à être en mesure de l'accompagner au Camp ; une directive d'Astrid pour s'assurer que la reine ne soit pas blessée, ou pire. Les deux jeunes femmes n'ont qu'une année d'écart, mais Penny a un visage si candide et un regard si pur qu'elle paraît bien plus jeune que ses dix-huit années de vie. Et l'australienne semble si mâture, adulte que, dans son attitude, se ressent un âge supérieur à la vingtaine qu'elle ne fait que saluer de la main à ce jour. Elles se ressemblent, toutes les deux. La silhouette fine à l'extrême, le regard droit et déterminé. Imposantes dans leurs comportements, peut-être même un peu intimidantes. Pourtant, les yeux de Persée vagabondent partout, cherchant à s'accrocher à un visage familier tandis que Penelope ne fait que regarder droit devant elle. Mais elles restent collées l'une à l'autre. L'air de rien, même si elle ne le montre pas, le Camp lui a manqué. Terriblement. Son quotidien ; les séances d'entraînement ; les engueulades au lever du lit ; les après-midi à quémander silencieusement des immenses vagues pour enfin surfer, comme en Australie ; les journées d'hiver passées dans les forges, à savourer le bruit du métal que l'on façonne, les étincelles qui volent lorsque le marteau rencontre l'or impérial ; les soirées à la belle étoile, tentant de reconnaître telle constellation – tout particulièrement celle qui porte son nom –. Au fond, elle a autant regretté le Camp qu'elle a pu regretter l'Australie, Melbourne, la plage, le sourire de sa mère.

Elles parviennent finalement au bout et Persée laisse Penelope s'avancer seule pendant qu'elle s'en va s'immiscer, en silence et avec la plus grande discrétion, dans les rangs de la première cohorte. Toute la Légion fait face à la leg mais celle-ci n'est nullement impressionnée, accrochant le regard de sa reine une fois trouvée dans la foule et ne le lâchant plus. La fille de Mars esquisse un sourire qui se veut rassurant mais elle sait pertinemment que son amie n'en a pas besoin ; elle lui rappelle un peu la gamine de quinze ans, fière et mordante qui se tenait à la même place qu'elle occupe à cet instant. Elle surprend quelques regards surpris de la part de ses voisins mais aucun n'ose échanger des messes basses, par peur d'attirer l'attention ou parce qu'ils n'osent pas croire en la ressemblance frappante entre elle et la légionnaire un brin trop colérique qu'ils ont connu. Les deux prêteurs sont postés face aux cohortes et c'est le garçon qui s'avance, les interpelle, et s'en va réclamer de quelconques lettres de recommandations à Penelope qui lui en tend deux : celle de sa propre mère et celle d'Ignace que celui-ci a bien voulu envoyer à Persée alors qu'elle prenait la route vers le Camp. « Quelqu'un pour se porter garant ? », demande-t-il finalement après avoir survolé les lettres du regard. Et sa voix résonne dans les rangs, attire les regards. C'est une voix rauque, une voix de femme, de reine, qui impose respect et silence : « Moi. » Tout le monde semble alors se rendre compte de sa présence et quelques murmures s'élèvent – de la part de ceux qui se souviennent de son tempérament fougueux, ou pour avoir pris une ou deux raclées de la part de la brune – ; elle esquisse un bref sourire amusé en lisant un éclat de surprise dans les yeux des prêteurs – qui ont sans doute, eux aussi, gardé un souvenir cuisant de ses crises de nerfs intempestives, se retournant même parfois contre eux –. Un bref silence lié à l'étonnement mais tous se reprennent rapidement. « La première cohorte l'accepte-t-elle ? » Le centurion regarde de chaque côté pendant que les légionnaires frappent leurs boucliers au sol et Penelope, sans le moindre regard en arrière, vient la rejoindre en silence, la tête haute. Et ils ont beau tous reprendre en chœur, elle n'entend que sa voix résonnant dans la clameur : « Senatus Populusque Romanus. » Et c'est un peu comme si elle n'était jamais partie.

Son cri fige toute la caserne. « Je te demande pardon ? » Penelope fait couler un regard presque paniqué à droite, puis à gauche, avant de la saisir par le bras et de la forcer à sortir pour parler en privé. Loin des oreilles indiscrètes. Elle ne comprend pas vraiment pourquoi ; mais Persée a tenu à garder son statut de reine secret, comme tout ce qui a pu lui arriver durant cette dernière année, comme son passé en général. Elle tape du pied, un peu nerveusement – foutue hyperactivité –, patiente une seconde – peut-être deux – mais finit par exploser : « Qu'est-ce que tu entends par trahison ? » Penelope inspire une longue bouffée d'air, se prépare à l'impact, et lâche une nouvelle, semblable à une bombe : « Lucrezia a décidé de prendre les choses en main ; Astrid est captive dans les sous-sols. C'est ma mère qui m'a envoyée cette lettre. », dit-elle en lui tendant la missive. Persée s'en saisit, vivement, brutalement, un peu fébrilement aussi, et la lit à toute allure. L'écriture est penchée, les lettres avortent en fin de mot, un peu sèchement, c'est un message écrit à la va-vite, pressé et empressé. Elle ne s'en rend pas même compte mais serre la lettre si fort entre ses mains qu'il ne ressemble plus qu'à un vulgaire bout de papier lorsqu'elle le relâche finalement. « La garce. », souffle-t-elle, enragée. Et la voilà, première reine détrônée avant que la mort ne vienne s'emparer d'elle. Et Astrid, réduite au rang de prisonnière, d'otage. Persée n'est plus qu'une tête couronnée déchue. Et son petit royaume glisse en morceaux, tombe comme la pierre dans l'eau, faisant des vagues sur la surface, mais finalement accepte de sombrer. Et elle, elle se détache. Elle ne se retient plus. Elle accepte de laisser libre court à la colère – non, la rage – et envoie son poing valdinguer dans le mur juste en face d'elle, Penelope tressaute à peine mais l'observe, à l'affut de la moindre réaction. Elle sent un mince filet poisseux s'écouler de la jointure de ses poings mais ne cherche aucunement à se soigner. Son don, son foutu don, est en train de lui mettre la tête à l'envers. Persée n'est plus que rage. Affamée de revanche. Persée, c'est une reine blessée qui n'a pas su s'imposer dans un monde qui lui revenait. C'est une femme qui s'est battue, se bat toujours contre tout et rien. Elle brasse souvent l'air, gueule pour rien, rit peu et sourit sarcastiquement souvent. Mais là, elle gueule. Elle mord son poing blessé de toutes ses forces pour retenir le cri de rage. Le cri de colère, si fort, alerte deux demi-dieux – des grecs, semble-t-il – qui jettent par intermittence deux paires d'yeux curieuses vers les deux sang-mêlées. Penelope s'attèle à apaiser Persée. Le contact de la main de son amie sur son épaule a l'effet d'un électrochoc. Une seconde, elle se calme. Les deux autres, ceux qui, guidés par leur curiosité, ont tenté de s'approcher, regardent les deux jeunes femmes, interpelés et inquisiteurs. Sentant leurs regards sur elle, la fille de Mars se retourne et aboie : « Foutez-moi le camp ! Dégagez ! » Et qu'importe que les graecus se mettent à penser qu'elle ne les tolère pas. Elle s'en fout, d'autant qu'il n'y a rien de plus vrai. Même s'ils peuvent des alliés, s'ils sont des demi-dieux, s'ils partagent le même père pour certains ; qu'importe, avant le reste, ils ne sont pas enfants de Rome. Ils ne sont que des étrangers qui viennent souiller leurs terres de leur présence et elle ne saurait le permettre. Alors, les deux sang-mêlés grecs déguerpissent, sans demander leur reste et Penelope s'adosse au mur derrière elle, attendant patiemment que son amie et reine – elle ne saurait la considérer autrement, définitivement – se calme d'elle-même. Parce qu'elle le sait, que Persée est simplement une créature trop pleine de tout, qui n'arrive plus à s'exprimer ou qui ne le fait que par des cris, des mots, des coups. Au final, elle n'est que fragilité bien cachée, reine sans trône et sans couronne. Elle n'est qu'une souveraine blessée, réclamant vengeance. Et c'est pour ça qu'elle le jure devant son amie, devant les dieux : « Je vais le récupérer. Je vais tout récupérer. »

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MessageSujet: Re: (LORCAN) ›› UNBOWED, UNBENT, UNBROKEN.   (LORCAN) ›› UNBOWED, UNBENT, UNBROKEN. EmptyLun 6 Mai - 16:59

purée tu fais peur avec toute ton histoire. mdl love sur toi, love sur toi. string
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MessageSujet: Re: (LORCAN) ›› UNBOWED, UNBENT, UNBROKEN.   (LORCAN) ›› UNBOWED, UNBENT, UNBROKEN. EmptyLun 6 Mai - 17:27

Kaya *o* re Bienvenue ! Et très joli pseudo en plus !
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MessageSujet: Re: (LORCAN) ›› UNBOWED, UNBENT, UNBROKEN.   (LORCAN) ›› UNBOWED, UNBENT, UNBROKEN. EmptyLun 6 Mai - 17:51

@perry : je préférais ton premier message, quand même. shakeh mais love sur toi aussi quand même. What a Facexxx

@thunder : omfg. JOOON. (aka mon second stark préféré héhé) yaahxxxbave toi, jotem déjà. I love you et le pseudo, omfg. puppy et je veux absolutely un lien, épicétout. puppyslippery hug


Dernière édition par Persée B. Wyot-Earnshaw le Lun 6 Mai - 17:57, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: (LORCAN) ›› UNBOWED, UNBENT, UNBROKEN.   (LORCAN) ›› UNBOWED, UNBENT, UNBROKEN. EmptyLun 6 Mai - 17:56

Hé ouais, STARK POWAA string
Avec plaisir, je te le réserve I love you
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MessageSujet: Re: (LORCAN) ›› UNBOWED, UNBENT, UNBROKEN.   (LORCAN) ›› UNBOWED, UNBENT, UNBROKEN. EmptyLun 6 Mai - 18:11

Thunder A. Hamm a écrit:
Hé ouais, STARK POWAA string


+ string

Wouah quelle histoire Shocked ! Bienvenue ici frog love
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MessageSujet: Re: (LORCAN) ›› UNBOWED, UNBENT, UNBROKEN.   (LORCAN) ›› UNBOWED, UNBENT, UNBROKEN. EmptyLun 6 Mai - 18:13

je me disais bien que je reconnaissais le pseudo héhé
et puis kaya omg cette fille est une déesse vivante, super choix d'avatar bave 212
par contre j'espère que tu plaisante avec ton histoire, ça fait combien de mots ça? Arrow
re-bienvenue sur le forum ma jolie I love you
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MessageSujet: Re: (LORCAN) ›› UNBOWED, UNBENT, UNBROKEN.   (LORCAN) ›› UNBOWED, UNBENT, UNBROKEN. EmptyLun 6 Mai - 18:16

Ouuuuuuuuh, rererebienvenue alors avec Persée puppy Je vois que tu continues de nous faire des hyprasuperlongues histoires, tu me tues. 234 sois vite validée I love you
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MessageSujet: Re: (LORCAN) ›› UNBOWED, UNBENT, UNBROKEN.   (LORCAN) ›› UNBOWED, UNBENT, UNBROKEN. EmptyLun 6 Mai - 18:27

Psychopathe ! What a Face

*Content de pas s'occuper des validations*

Rebienvenue autrement ! Déjà que ton choix de vava précédent était bon, le nouveau est encore mieux je trouve ! ^^
Après c'est dommage, il va me manquer ton fils de Vulcain, un frère mais en plus de la testostérone. Mais bon, Persée est plus que cool donc c'est génial aussi =P

Bon courage pour la validation de ta fiche ! Bien que je sais pas si je dois dire ça à toi ou au staff XD
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MessageSujet: Re: (LORCAN) ›› UNBOWED, UNBENT, UNBROKEN.   (LORCAN) ›› UNBOWED, UNBENT, UNBROKEN. EmptyLun 6 Mai - 22:02

Wow, l'histoire de malade. mdl Sinon j'aime bien Percée. héhé
Bref, bienvenue ! :DD
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MessageSujet: Re: (LORCAN) ›› UNBOWED, UNBENT, UNBROKEN.   (LORCAN) ›› UNBOWED, UNBENT, UNBROKEN. EmptyMar 7 Mai - 6:57

Mon dieu l'histoire mdl. Elle est longue mais j'ai super envie de la lire. puppy Ça va m'occuper un moment. héhé
BREF. Bienvenue avec la magnifique Kaya. puppy Je te vénère de l'avoir pris, elle est tellement belle ! I love you
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graecus
H. Siam Lovenbruck

H. Siam Lovenbruck

▽ PSEUDO : AURA
▽ AVATAR : Jennifer Lawrence
▽ CRÉDITS : bombshell ; tumblr
▽ ARRIVÉ(E) AU CAMP LE : 29/10/2012
▽ IRIS-MAIL ENVOYÉS : 478
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▽ AGE DU PERSONNAGE : dix-huit ans
▽ ASCENDANT DIVIN : Athéna
▽ DON : mémoire sur-développée
▽ RESPONSABILITÉS : chef de bungalow, ambassadrice camp grec
▽ LOCALISATION : Camp Jupiter, faut croire
▽ HUMEUR : MASSACRANTE


FEUILLE DU HÉROS
✧ RELATIONS :

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MessageSujet: Re: (LORCAN) ›› UNBOWED, UNBENT, UNBROKEN.   (LORCAN) ›› UNBOWED, UNBENT, UNBROKEN. EmptyMar 7 Mai - 9:57

Je me disais bien que tu reviendrais What a Face. Du coup, est-ce que c'est la même fiche que pour l'ancienne Persée ? mdl. Et ce nouveau pseudo, les hauts de hurlevent quoi héhé. En plus Kaya a joué Catherine il me semble. Enfin breeeef ! Rebienvenue I love you
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MessageSujet: Re: (LORCAN) ›› UNBOWED, UNBENT, UNBROKEN.   (LORCAN) ›› UNBOWED, UNBENT, UNBROKEN. EmptyMar 7 Mai - 16:53

(re)bienvenue donc. puppy kaya est vraiment superbe, elle me rappelle de supers bons souvenirs en rpg! duck et ton histoire.. la vache, je crois que même en rp j'ai jamais écrit ça! mdl
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MessageSujet: Re: (LORCAN) ›› UNBOWED, UNBENT, UNBROKEN.   (LORCAN) ›› UNBOWED, UNBENT, UNBROKEN. EmptyMar 7 Mai - 18:32

@aspen : claaary lilyyy. excited woui, c'est un peu long, je l'avoue. Arrow breef, mercii. I love you

@poppy : omfg. et qu'est-ce que je dois dire d'anna, hein, hein, HEIN ? yaah y a pas à dire les filles d'arès/mars sont les plus bonasses du forum. héhé btw, il nous faudra absolument un lien. pacman l'histoire à elle seule fait vingt-et-un mille trois-cents trente-quatre mots. Arrow (oui, j'ai compté Arrow) merci, ma belle. I love you

@nastasya : haawn, tu as quitté mars au profit de bellone ? puppy vilaine. tt je crois que je me tue moi-même, dans des moments comme celui-là. Arrow mercii en tout cas. fair fight et puis, je VEUX un lien du tonnerre de zeus. hell eyes

@ezekiel : démasquée, déjà ? 926 (nooon, je vous JURE que je suis totalement normale comme fille. Arrow) thank's. I love you oui, j'aimais beaucoup mon petit abraham, mais l'histoire de persée me trottait encore trop en tête pour être satisfaite du personnage. Arrow peut-être en futur dc, hein ? What a Face haha, dans le doute, souhaite bonne chance aux deux. 437

@néo : j'ai cru comprendre, oui. héhé mercii, en tout cas. duck (et big up pour le choix de parent divin yaah)

@kiara : omfg. ce forum a des avatars de plus en plus orgasmiques avec le temps. puppy kareeeen. xxx bref. Arrow je confirme pour l'avoir relue afin de vérifier pour les dernières erreurs qui pouvaient se cacher (et je crois en avoir encore laissé deux ou trois Arrow) : la lecture prend du temps. Arrow merci, en tout cas. xxx j'espère que tu viendras me vénérer dans ma fiche de liens, aussi, hein ? puppy

@siam : je suis de retour. héhé héhé, c'est la même sauf que j'ai supprimé deux ou trois passages que je jugeais inutile, que j'ai changé la majorité des noms et que j'ai modifié la tournure de deux ou trois phrases. What a Face donc, en gros, c'est à quatre-vingts dix-huit pourcents la même. What a Face (je comptais d'ailleurs le préciser pour éviter au staff de tout se retaper ou quoi Arrow) ouii, j'avoue m'en être souvenue après, mais bon, earnshaw c'trop classe, alors je garde. excited merciii. excited

@sacha : mercii. I love you oui, kaya est juste gfuzixnaoid. bave et josh n'est pas mal non plus. héhé (genre, j'ai katniss et peeta sur ma fiche, la classe bg) oui, j'ai cru comprendre qu'elle était pas mal longue, en effet. 926
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graecus
H. Siam Lovenbruck

H. Siam Lovenbruck

▽ PSEUDO : AURA
▽ AVATAR : Jennifer Lawrence
▽ CRÉDITS : bombshell ; tumblr
▽ ARRIVÉ(E) AU CAMP LE : 29/10/2012
▽ IRIS-MAIL ENVOYÉS : 478
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▽ AGE DU PERSONNAGE : dix-huit ans
▽ ASCENDANT DIVIN : Athéna
▽ DON : mémoire sur-développée
▽ RESPONSABILITÉS : chef de bungalow, ambassadrice camp grec
▽ LOCALISATION : Camp Jupiter, faut croire
▽ HUMEUR : MASSACRANTE


FEUILLE DU HÉROS
✧ RELATIONS :

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MessageSujet: Re: (LORCAN) ›› UNBOWED, UNBENT, UNBROKEN.   (LORCAN) ›› UNBOWED, UNBENT, UNBROKEN. EmptyMar 7 Mai - 19:32

Est-ce que tu pourrais m'envoyer par mp les passages que tu as supprimé ? Comme ça je relis pas la fiche entière mdl
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MessageSujet: Re: (LORCAN) ›› UNBOWED, UNBENT, UNBROKEN.   (LORCAN) ›› UNBOWED, UNBENT, UNBROKEN. EmptyLun 3 Juin - 12:52

fiche toujours d'actualité? I love you
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