Croyez le ou non, mais depuis la destruction de la colonie, Ezekiel c'était plus ou moins remis. En effet, au début il était terriblement abattu, pleurant sur son sort et ne parvenant pas à comprendre pourquoi c'était arrivé. Après tout, ce lieu était tout pour lui, sa maison, celle de sa famille, il ne connaissait quasiment rien d'autre. Mais il avait relativisé, après tout sa famille s'en était sortit, tous ses frères et sœurs ainsi que les enfants des autres bungalows et c'était bien ça le plus important au final et sur lequel il devait se concentrer. De ce fait, outre le fait d'essayer de faire bonne figure avec les romains pour essayer de ne pas trop envenimer leur relation, ce qui était peine perdu avec sa chance naturelle et qui lui valait de nombreux sermons de la part de Siam, il s'était donné un point d'honneur à renforcer ses liens avec tous les grecs aussi. Il avait beau ne pas être le plus sociable des demi-dieux, préférant les machines aux vivants, ni le plus apprécié à cause de ses gaffes parfois assez catastrophique, il avait toujours ou presque réussi à donner le sourire à ses camarades et ça ce n'était pas rien. Seulement il y avait certains éléments un peu plus délicats, tel que Nathaniel.

Nathaniel … les seuls sourire qu'il ait jamais réussi à lui décrocher était ceux de son sadisme après avoir subit l'un de ses mauvais tour. Peu de gens l'appréciait à la colonie … enfin, chez les grecs plutôt … pour ne pas dire carrément personne. Il fallait dire que c'était un individu assez étrange, il prenait un plaisir véritablement malsain à faire du mal aux autres par ses manipulations et autres piège, à croire qu'il n'avait jamais apprécier ses pairs. Pourtant, dans sa bonté et sans conteste sa naïveté, Ezekiel allait toujours vers lui, encore et encore et se faisant avoir à chaque fois, ce qui ne l'empêchait pas de revenir … entre deux pleurs qu'il s’efforçait de cacher à tout le monde. Pourquoi s'entêter si ça lui faisait autant de mal ? Car il voulait comprendre, comprendre pourquoi il faisait tout pour se séparer des autres via ses actions plus ou moins viles. Le fils d'Héphaïstos se disait qu'à sa place, il aimerait sans doute qu'on essaye de comprendre le fond de son problème au lieu de s'arrêter au moindre obstacle, même si il semblait y prendre du plaisir. Enfin après tout il ne savait pas, il était parfaitement conscient d'avoir une vision un peu trop utopique des choses, sans doute lié à sa régression mentale qui le faisait réagir comme un gamin de cinq ans, ce qu'il trouvait lui même agaçant sans pouvoir s'en empêcher. Mais voilà, c'était ainsi, il était persuadé qu'il était quelqu'un de bon derrière cette carapace !

C'est donc tout naturellement qu'il s'était rendu au Colisée à la demande du fils d'Eris. Que pouvait-il bien vouloir faire là bas ? Il n'en avait pas la moindre idée et franchement, à force de le côtoyer, il ne le sentait vraiment ce rendez vous. Mais il y allait quand même car qui sait ? Peut être pour une fois il allait être sérieux, il avait peur de rater cette chance et de le laisser en plan tel l'enfant qui criait au loup. Le lieu était complètement vide, normal ce n'était pas l'heure d'un quelconque spectacle, par contre aucune trace de Nathan … Il aurait vraiment préféré le voir là à l'attendre plutôt que de devoir s'aventurer directement dans les sous sols, comme il lui avait demandé. Bien, si il fallait en passer par là ! Il quitta la piste et commença à prendre les escaliers qui le menèrent plus bas, là où dans l'antiquité se trouvait les cellules, armureries et mécanismes de la piste. Bien sûr, étant une version plus récente que celles de l'antiquité, il n'était pas question de cellule, il y avait bien des compartiments pour permettre aux combattant de se reposer mais aucune porte pour gêner le passage et c'était plutôt bien aménager bien que drastique par rapport à une vraie chambre … pendant un instant il se dit que ça paraissait presque plus confortable que leurs tentes. Il devait se rendre dans la pièce du fond, une petite remise pour les armes et armures. La pièce n'était pas excessivement grande, cela dit il y avait de l'espace bien qu'encombré par tout l'équipement.

« Nathan … ? » Appela-t-il d'un ton plaintif.

Pas de réponse … était-il en avance sur ce dernier ou était-ce vraiment un piège ? La pièce était véritablement sombre, ce qu'il aurait aimé avoir son arme, le bronze céleste aurait au moins permis de lui offrir un peu de clarté, mais non ! Pas d'arme dans la Nouvelle Rome sinon Terminus nous réduisait en cendre ! Il trouvait ça vraiment idiot, il était sûr que pour aller au Colisée il autorisait les romains à les garder, après tout le but était de s'y battre, mais vu qu'il était grec … Zeke prit finalement une décision et se risqua à pénétrer dans la pièce, peut être ne l'avait-il tout simplement pas entendu ? Idiot qu'il était ! À peine avait-il fait quelque pas à l'intérieur que la porte se claqua dans son dos. Paniqué, il se précipita contre cette dernière, essayant de toutes ses forces de l'ouvrir mais en vain, elle était verrouillée, alors il donna de grand coup dedans.

« Non ! Laisse moi sortir ! »

Le pire étant qu'il n'était ni claustrophobe et n'avait ni peur du noir, seulement le fait de se faire prendre au piège comme ça, de s'être encore fait avoir, c'était plus qu'il n'en fallait pour secouer son petit cœur. Il continuait à frapper et à essayer de tourner le verrou, l'implorant de le laisser sortir, et s'apprêta même à utiliser une des armes présentes dans la pièce pour défoncer la porte mais il n'en fit rien. En réalité il arrêta même tout, posant sa tête contre la porte, presque en larme mais se retenant de toute ses forces, avant de s'adosser contre celle ci et de se laisser glisser jusqu'au sol. La voix tremblante, ayant toute sa concentration occupée sur le fait de ne pas fondre en larme devant lui, il ne parvint qu'à dire un mot.

« Pourquoi ... »

Mais sans pouvoir finir sa phrase il fondit en larmes, essayant de rester le plus silencieux possible malgré ses reniflements.

Comment avait-il pu être aussi con ! Comme à chaque fois, naïf qu'il était, il était tombé dans un piège. Il en avais marre d'être comme ça, aussi émotif, aussi aveugle sur la cruauté qui pouvait habiter certain. Qu'est-ce qui n'allait pas avec lui une fois pour toute ?! N'avait-il pas le droit d'être comme les autres de son âge ? C'est à dire à dire plus mature, plus dégourdi et tout ce qui pouvait aller avec … il lui était arrivé de reprocher le manque de compassion de certains de ses frères, aujourd'hui il en était arrivé au point où il aurait tout fait pour leur ressembler, ne serait-ce qu'un peu, car même si ce n'était pas la meilleur des attitudes, au moins on pourrait enfin dire de lui que c'était un adulte et non pas ce bébé dont tout le monde se moquait car la larme lui coulait facilement et qu'il était incapable de faire preuve de la moindre responsabilité. Il n'y avait qu'au milieu d'automates qu'il se sentait vraiment bien au final, car non seulement ils ne le jugeaient pas, mais en plus, sans pouvoir se l'expliquer, il arrivait mieux à s'adresser à eux qu'à de vraies personnes, s'exprimant normalement et non pas comme un gamin de cinq ans. Toujours le même problèmes avec les enfants d'Héphaïstos, mais même parmi ses frères et sœurs il était spécial.

Cela dit, histoire de ne pas changer, cette fois il avait tout faux sur ce qui lui arrivait. En effet, il était persuadé que, piégé dans cette petite pièce où il avait déjà fondu en larme, il avait été victime de son sadique compagnon grec, Nathaniel, l'imaginant en train de rire à gorge déployée de l'autre côté de la porte. Seulement il y avait méprise et il allait vite le comprendre, entendant une voix familière au dessus de lui, celle du fils d'Eris, qui semblait plutôt surpris de le voir ici. Mais qu'est-ce qui se passait encore ? En tout cas, la voix de celui ou celle qui l'avait enfermé, il n'arrivait pas à dire de qui il s'agissait ni même si c'était un grec ou un romain, mais franchement son intuition lui dit qu'il s'agissait sans doute de grec … Cela dit il était persuadé que ça lui était destiné sans penser que ça pouvait viser son camarade. Mais soyons sérieux, si ça devait viser quelqu'un ça devait être tous les deux. Quoi qu'il en soit … oui, il était définitivement con, car il avait de suite condamné Nathan alors qu'il n'y étais pour rien, faisant ce qu'il détestait voir chez tous les autres. Mais le comble dans tout ça, c'était que pour l'instant il était gentil avec lui.

« Quoi ? »

Sans plus attendre il essuya ses larmes un maximum. Il ne voulait pas paraître faible, du moins il ne voulait pas alimenter l'image que tout le monde avait déjà de lui. Mais c'était peine perdu, quoi qu'il arrive il aurait le visage rouge et humide pour un long moment avant que cela ne disparaisse complètement. Il se moquait des romains, de leur idée bizarre de ne mettre une poignée que d'un seul côté. C'est vrai que c'était idiot, cela dit c'était la meilleure cellule qui soit et un bon moyen de piéger les imprudents qui pouvaient tenter de les voler. D'ailleurs il était assez familier avec ce genre de système, sans doute il lui faudrait une petite minute voir même moins pour la déverrouiller, surtout avec le gadget qu'il s'était créer pour bricoler et qu'il emportait partout. D'ailleurs, en pensant à ça, il trouvait que sa crise de panique était finalement bien démesuré … Bon sang, il était véritablement un bébé ! Par contre, vu comment Nathaniel s'énervait sur la porte, lui donnant un coup de pied de frustration, il se dit qu'il devrait lui faire rapidement savoir qu'il était capable de l'ouvrir, ce qui, bien évidement, il oublia, trop déboussolé qu'il était. Ezekiel ne disait toujours rien, continuant de tout faire pour sécher ses larmes et observant son camarade récupérer ses affaires. Il avait vraiment dormit ici ?

« Ce que je fais là ? Euuuh … Oui, on m'avait dit de venir ici, que tu voulais me voir. Il semblerait que ce soit plutôt les autres qui ne voulaient plus me voir finalement, vu que tu ne sais même pas pourquoi je suis là … D'ailleurs … je voudrais m'excuser. Au début … j'ai cru que c'était toi qui m'avait enfermé. J'ai vraiment honte, encore pardon. »

Il se recroquevilla et plongea sa tête dans ses genoux quelques instants. Certains pouvaient peut être penser que ce n'était pas grand chose, surtout si ça concernait le fils d'Eris qui n'avait pas franchement bonne réputation, mais pour lui c'était quelque chose pour laquelle il se sentait vraiment coupable. Évidement, dans l'état où il était suite à l'enfermement, il suffirait d'un rien pour refondre en larmes de nouveau, mais il se retint, passant ses mains sur son visage avant de se relever. Mine de rien c'était une petite victoire, il avait réussi à contenir ses émotions. Après quelques secondes à regarder au fond de la pièce, il se décida enfin à se tourner vers Nathan.

« Et toi tu faisais quoi ici ? Tu as pris pas mal d'affaires on dirait, tu dormais vraiment là ? Tu sais que … tu sais qu'il y avait des lits justes à côtés qui semblaient quand même plus confortable que cette poutre ? »