Aspen avait profité d'un moment de liberté pour pouvoir rendre hommage à son père sur la Colline aux Temples. Depuis l'arrivée des pensionnaires de la Colonie, l'infirmerie a eu la "chance" de soigner tous les blessés grecs ... qui n'ont pas été reconnaissants d'être soignés par leurs cousins les romains. La fille d'Apollon l'avait bien constatée lorsqu'elle s'était trouvée face à un fils de Mars bien remonté. Aspen pensa que s'ils étaient tous ainsi, c'est parce qu'ils avaient perdu leur Camp, leur Maison. Elle ne pouvait comprendre leur peine mais elle ne put s'empêcher de compatir ; et si la même chose était arrivée au Camp Jupiter, elle aurait pu réagir ainsi. c'est parce qu'elle avait de la peine pour les grecs qu'elle s'en alla au temple de son père, pour lui prier de veiller sur eux, surtout sur ses demi-frères et demi-sœurs grecs : il leur devait bien cela s'était-elle dite.

Après avoir brûlé du laurier sur l'autel, elle croisa dans le temple les enfants grecs d'Apollon qu'elle eut la facilité de reconnaître. Elle leur adressa un petit signe de la main pour les saluer mais ces derniers ne le lui rendirent pas ; trop timides ou trop fiers de répondre à une romaine. En quittant le temple de son père, elle se rendit au temple de Jupiter pour lui demander les mêmes prières. Mais avant qu'elle ne put atteindre à destination, elle stoppa net devant l'autel de Minerve. Aspe avait bien remarqué qu'il y avait bien plus de monde que d'habitude qui visitait l'autel de la déesse. Mais il ne fallut pas longtemps pour comprendre que c'étaient les grecs qui rendaient visite à leur mère. La jeune fille avait cru comprendre que Minerve avait des enfants grecs : elle enviait un peu ces derniers d'avoir un tel privilège d'avoir pour mère une déesse comme Minerve ( même si la procédure de gestation est un peu ... différente. )

Curieuse, elle entra dans le sanctuaire dédiée pour Minerve ; même si lui était arrivée d'y aller pour faire des offrandes à la déesse, Aspen a toujours été attristée par le manque de soin donné au sanctuaire. Même si ce n'était qu'une déesse mineure chez les romains, Minerve aurait le droit d'avoir un temple digne de son nom et représentatif de l'esprit de la divinité. Ainsi, avant l'arrivée des pensionnaires, la jeune fille se serait imaginée la déesse ainsi rien qu'en observant la structure du temple ( alors que son père est plus exubérant, plus artistique comme le montre le temple d'Apollon ), et en voyant les enfants de la déesse, sa théorie ne serait qu'à moitié confirmée.

Siam n'aimait pas spécialement la colline aux temples. Déjà, parce que même de loin, on voyait l'immense temple dédié à Mars Ultor, alias Arès chez les grecs. Or, par principe et par filiation, Siam détestait cordialement ce dieu ainsi que toutes ses violentes progénitures. Le fait de voir qu'il était beaucoup plus apprécié que sa mère, au camp Jupiter, la rendait presque malade. Du coup, cela faisait une deuxième raison pour ne pas aimer la colline aux temples romains : le temple de sa propre mère, appelée Minerve par les romains, était tout simplement désastreux. Il était petit, moche et manquait clairement d'entretien et d'offrandes. Siam se demandait toujours ce que devait penser sa mère, en voyant quel temple lui réservait les romains. Néanmoins, elle avait elle-même décidé de s'occuper du temple de sa mère, même si ça lui faisait toujours mal de voir à quel point il était miteux. Elle avait même quasiment ordonné à ses frères et sœurs de s'occuper également du temple d'Athéna, ce qu'apparemment, ils faisaient depuis. Maintenant, le temple avait bien meilleure mine. Siam avait supervisé quelques arrangements, sans demander la permission (évidemment). Elle se sentait comme investie d'un devoir, celui de redorer l'image de sa mère chez les romains, ces adorateurs de Mars. Un dieu au nom de barre glacée (même si, Siam aurait plutôt fait référence en premier à la planète rouge, mais elle avait entendu un fils d'Hermès sortir ça, et ça lui avait bien plus).

Bref, Siam se rendait quand même à la colline aux temples, histoire de vérifier que l'autel de sa mère reprenait une apparence décente. Elle discutait de quelques points d'architecture avec un de ses frères, lorsqu'il fit un signe de tête, désignant quelqu'un derrière Siam. Celle-ci se retourna, et aperçut une fille qui s'approchait, l'air curieuse. Siam ne mit pas longtemps à l'identifier comme étant une légionnaire romaine. Elle refourgua ses plans à son frère, s'avança vers la fille (tout en gardant une certaine "distance de sécurité"), et fit : « Oui ? ». Elle ne voyait pas vraiment quoi dire d'autre, en fait.